Au MEDEF, il y a le patronat des villes et le patronat des champs

L'élection au Medef se jouera aussi sur la reconquête des territoires qui ressentent plus que jamais la distance entre l'échelon national et la réalité du terrain. Témoignages.
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«Le 55, avenue Bosquet, c'est quoi? » Interrogé sur l'action du siège national du Medef, cette réponse d'un responsable local du mouvement ne manque pas de piquant. « Nous ne connaissons pas ces gens-là. Depuis trop longtemps, Paris ne nous consulte plus. Les jeux de pouvoir les préoccupent bien plus que le quotidien des chefs d'entreprise. C'était particulièrement criant ces derniers mois : seule la prochaine campagne électorale a occupé les esprits parisiens. Il n'y a aucune remontée de terrain car les responsables nationaux, pour la plupart, ne savent pas vraiment qui nous sommes et ce que nous faisons », regrette-t-il, préférant compter sur les forces vives locales pour dynamiser le tissu économique plutôt que sur l'Avenue Bosquet. À Paris, cette déconnexion entre les sièges patronaux nationaux et les territoires ne passe pas inaperçue chez les candidats à la présidence du mouvement. Tous ou presque ont entamé ou s'apprêtent à faire un tour de France des Medef territoriaux pour leur témoigner leur affection, assurant compter sur eux pour participer au redressement de la France.

« Il faut un Medef plus proches de sa base »

« Il faut être davantage à l'écoute des Medef territoriaux, les aider à communiquer, les armer pour mieux servir les entreprises. En contact permanent avec le terrain, ils donnent le pouls de l'économie française. Il faut donc les aider à recruter des chefs d'entreprise qui ont la volonté de s'engager pour servir l'intérêt général », propose le candidat Thibault Lanxade. Selon ses calculs, entre 150 et 300 postes sont actuellement à pourvoir dans les Medef territoriaux. « Il faut que le Medef soit plus proche de sa base », insiste-t-il, proposant une présidence collégiale, avec un nouveau droit d'initiative pour permettre d'intervenir sur l'ordre du jour de l'assemblée permanente.
« Certains Medef territoriaux sont vides, les chefs d'entreprise ont baissé les bras, las de ne pas être entendus. Ce colbertisme patronal n'a que trop duré », complète Jean-Claude Volot, autre postulant à la présidence du Medef.
Peut-on en déduire que le patronat subit une crise des vocations? « La crise ne facilite pas les choses, c'est certain. Un chef d'entreprise qui travaille six jours sur sept pour 4000 euros par mois n'a plus vraiment l'énergie nécessaire pour servir l'intérêt général », observe Olivier Duha chez CroissancePlus. Ce n'est pas le seul facteur de démotivation qu'il relève. « Un chef d'entreprise vit à cent à l'heure ses journées. Quand il prend une décision, il est habitué à ce qu'elle soit rapidement suivie d'effets. La situation est radicalement différente lorsqu'il devient responsable patronal. Certes, les portes des ministères s'ouvrent facilement et il n'est pas compliqué d'avoir l'oreille des parlementaires. Mais cela n'est pas suffisant. Le chef d'entreprise se rend vite compte de l'inertie de la puissance publique. C'est un choc pour lui. À quoi sert-il de répéter les mêmes propositions, de faire des rapports qui ne sont pas suivis d'eets? On peut comprendre le découragement de certains dirigeants », poursuit-il.

Commentaires 3
à écrit le 20/04/2013 à 12:26
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Tiens, encore un article sur les élections au MEDEF qui met en photo... Parisot... On ne pourra pas dire que les médias ne l'aideront pas jusqu'au bout à se reconvertir en politique...

à écrit le 19/04/2013 à 16:50
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Le MEDEF est à l'image de nos politiques: enfermés dans leur tour d'ivoire à Paris, ils sont complètement déconnectés des réalités du terrain.

à écrit le 19/04/2013 à 13:57
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De la déconnexion du sommet avec sa base... qui pourtant le fait vivre. Jusqu'à quand? Même combat entre le monde politique et les électeurs...

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