L'innovation est (aussi) une affaire de femmes

La faible place laissée aux femmes dans les postes de direction des entreprises françaises est souvent pointée du doigt. Elles sont encore plus modestement représentées dans les métiers de l'innovation : 17%, selon l'association des femmes ingénieurs de France. Et pourtant, elles méritent mieux, beaucoup mieux. Et pas seulement parce que l'innovation est l'affaire de tous. La preuve par quatre.
Les femmes s’orientent peu vers les carrières techniques et scientifiques, qui sont pourtant des réservoirs d’emplois./ DR

Les femmes sont à l'honneur un jour par an, le 8 mars, mais elles luttent, innovent et marquent la société de leur empreinte tous les jours, dans tous les domaines. On les dit intéressées par le « care», les services à la personne, et c'est vrai. Mais elles sont passionnées par bien d'autres sujets, apanage des hommes jusqu'à il n'y a pas si longtemps : la science, le management, le high-tech.

Et, contrairement à eux, qui seraient avant tout guidés par l'ambition, les femmes seraient portées, elles, par une mission. Celle de faire progresser la recherche contre le cancer, comme le fait Geneviève Almouzni, première femme, depuis une autre, Irène Joliot-Curie, à diriger le centre de recherche de l'Institut Curie.

Celle d'affranchir, avec les outils de notre époque, comme le crowdfunding, les femmes d'autres pays, telle Lindsey Nefesh-Clarke, la fondatrice du Women's Worldwide Web, basé à Paris. Elles militent aussi, comme Corinne Colson Lafon, fondatrice et PDG de Steam'O, société spécialisée dans la gestion immobilière et la maintenance technique, pour un nouveau style de management, incorporant des valeurs dites « féminines ».

Et elles vivent leur passion pour le bien de tous, comme Meghan Conroy, qui a transformé la photographie en une technologie permettant de mieux diagnostiquer les symptômes de certaines maladies. Oui, les femmes que nous avons choisies, parmi de nombreuses autres, ont une mission, celle d'innover pour faire évoluer la société, partout dans le monde, et la rendre meilleure.

>>> Meghan Conroy, le diagnostic dans l'objectif
>>> Lindsey Nefesh-Clarke, l'émancipation par le don 
>>> Corinne Colson Lafon, le management pour l'humain 
>>> Geneviève Almouzni, l'art de la science 

Soigner l'économie par les femmes

C'est l'une des femmes les plus puissantes du monde, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, qui le dit : si la participation des femmes au marché de l'emploi augmentait, cette évolution induirait un bond de la richesse mondiale.

C'est vrai pour la France, qui affiche une participation de 60% (contre 68% pour les hommes, selon l'OCDE) : la croissance du PIB gagnerait 4% à horizon 2020. La progression serait encore plus sensible aux États-Unis (5%), au Japon (9%) ou en Égypte (34%). Et certains calculs sont plus optimistes encore, offrant à l'Europe entre 15 et 45% de croissance supplémentaire si la participation des femmes à l'économie était égale à celle des hommes.

D'autres études - indiquant, par exemple, qu'une masse critique de femmes dans les instances de décision favorise la performance des entreprises - devraient être de nature à inciter les gouvernements, et les entreprises, à agir. D'ailleurs, les initiatives se multiplient.

Et pourtant... le compte n'y est pas

L'Europe n'affiche que 16,6% d'administratrices (24% en France, grâce à la loi Zimmermann-Copé sur les quotas). Les femmes n'y sont que 11% à faire partie du comité exécutif, là où se prennent les décisions stratégiques, et 3,2% à diriger une grande entreprise...

De même, malgré des dispositifs en place sur l'égalité salariale, les hommes gagnent encore, pour un même travail et à qualifications égales, 16% de plus en moyenne que les femmes en Europe (15,6% en France et 22,3% en Allemagne). D'où viennent donc ces difficultés rencontrées par les femmes au travail ?

Les explications vont de la ségrégation des secteurs - les femmes ayant tendance à « choisir » les moins porteurs, comme les services, et à se désintéresser des autres, telles l'ingénierie et la science (ces deux domaines ne comptant que 32% de femmes en Europe) - à la sous-évaluation des compétences des femmes, en raison des stéréotypes, en passant par le temps partiel, choisi ou subi, sans oublier le travail domestique, qui pénalise les femmes...

Le tout résultant, au-delà d'une moindre croissance, en des taux de dépendance, de précarité et de pauvreté plus élevés chez les femmes, en particulier à la retraite.

Comment faire bouger ces lignes de partage ?

Les études, aussi incitatives soient-elles, ne semblent rien changer, face à l'« old boys' club », dont les membres préfèrent coopter ceux qu'ils connaissent : d'autres « boys ». Les contraintes, de types quotas, font en revanche leurs preuves : dans les pays comme le Royaume-Uni, où les femmes doivent compter sur la seule bonne volonté des entreprises, la proportion d'administratrices est moindre (17,3% dans les sociétés du FTSE). Pour autant, la coercition ne peut pas tout : des lois existent dans d'autres domaines - égalité salariale et non-discrimination, entre autres - sans impact majeur.

Les efforts de conscientisation doivent donc se poursuivre dans toute la société : parents et professeurs doivent lutter contre les stéréotypes et inciter les filles à suivre des études dans les domaines scientifiques.

Les spécialistes en ressources humaines doivent « débiaiser » les descriptions de postes excluant de fait les parcours féminins et oeuvrer à la promotion des salariées, tandis que des efforts doivent être faits pour désinhiber les femmes dans leur ambition professionnelle. Sans oublier de sensibiliser les hommes à autre chose que leur carrière... Bref, à tous de comprendre que ce sont les femmes qui pourront sauver l'Europe et la remettre sur la voie de la croissance, partagée par tous... et toutes !

Commentaires 6
à écrit le 09/03/2014 à 11:46
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C'est une réalité qui est hélas un drame. Tous mes collaborateurs sont masculins. Et scientifiques de très haut vol. On a une boite qui " Rockette "... Mais , il n'y a aucune femme dans notre domaine. Malheureusement. Et , en plus , le café est ...

le 09/03/2014 à 15:46
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Les femmes sont historiquement désavantagées concernant leur niveau d'instruction et encore au 21ème siècle elles ne se bousculent pas vers la difficulté des sciences. Le féminisme n'est ni égalitaire ni juste, il revendique à demi-mots la soumission...

le 10/03/2014 à 17:16
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Si ils volent encore moins haut que vos propos misogynes de kapo c'est le crash sans effet assuré pour la roquette..:) Les stéréotypes sur les femmes dans les sciences demeurent car elles ont longtemps été exclues des domaines scientifiques car jug...

à écrit le 09/03/2014 à 9:54
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La promotion actuelle des femmes ne vise qu'a mieux exploiter le vivier de main d'oeuvre bon marché qu'elle représentent. C'est fait insidieusement en réfutant leur statut naturel de Mère, et en niant leur identité de femme. Un homme n'a pas la préte...

à écrit le 08/03/2014 à 22:06
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C'est un article ça?

le 08/03/2014 à 22:29
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C'est de l'autopromotion...

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