Gros trou d'air pour l'indutrie allemande. Les commandes ont chuté de 8% en septembre sur un mois en données corrigées des variations saisonnières (CVS), selon les chiffres publiés ce jeudi en première estimation par le ministère de l'Economie. Les économistes n'attendaient qu'un recul de 2% à 2,6% par rapport à août. Selon la Bundesbank, c'est la plus forte baisse des commandes à l'industrie depuis la réunification allemande remontant à 1990.

Le recul des commandes a notamment été le fait de la baisse de 11,4% de celles provenant de l'étranger, alors que celles en provenance d'Allemagne n'ont diminué que de 4,3%. Les commandes de biens d'équipement ont pour leur part baissé de 11% sur le mois.

La chute enregistrée au mois de septembre intervient après une hausse de 3,5% (révisée de 3,6%) constatée en août. Le ministère de l'Economie a noté que les perspectives en matière de production industrielle s'étaient "nettement détériorées". Il a toutefois tenté de relativiser le mauvais chiffre de septembre en expliquant que le mois d'août avait été anormalement bon grâce à une masse de grosses commandes et une répartition favorable des jours de vacance.

Sur l'ensemble du troisième trimestre, les commandes industrielles s'affichent en baisse de 3,9%. Elles avaient déjà baissé au premier et au deuxième trimestres.

Les industriels allemands, qui publient depuis quelques jours leurs résultats trimestriels, ont déjà pris la mesure de la situation et abandonné pour beaucoup leurs objectifs financiers, un certain nombre annonçant des arrêts ou des baisses de production, à l'image de Salzgitter ce jeudi matin, après Daimler ou BMW.

Par ailleurs, la fédération allemande des administrateurs judiciaires VID s'attend à "une augmentation notable" des défaillances d'entreprises, a annoncé jeudi son président. "Nos membres nous rapportent que dans les derniers mois et les dernières semaines le nombre des dépôts de bilan d'entreprises a grimpé de façon notable", a déclaré Siegfried Beck. Selon lui cette tendance va se prolonger et se renforcer en 2009.

Premiers touchés, les producteurs et vendeurs de biens d'investissement, victimes directes de la crise de l'industrie. Les difficultés des constructeurs automobiles notamment "vont conduire à des dépôts de bilan de petits et moyens équipementiers", prédit Siegfried Beck. Le commerce de détail risque de ne pas être épargné, même si le secteur place encore tous ses espoirs dans la période de Noël, traditionnellement très porteuse.