L'Espagne : de la crise économique à la crise politique

Le gouvernement socialiste espagnol a révisé ses prévisions économiques et annonce moins de croissance et plus de chômage que prévu. Les négociations sur la réforme du marché du travail se sont achevées sur un échec ce vendredi. Au lendemain d'un vote à l'Assemblée sur le plan d'austérité qui a révélé l'isolement du Premier ministre socialiste, le pays débat de possibles élections législatives anticipées.

Le gouvernement socialiste espagnol a révisé ce vendredi ses prévisions économiques pour les années 2010-2013, anticipant moins de croissance et plus de chômage.

Pour l'ensemble de 2010, le gouvernement s'attend à une contraction d'activité de 0,3% du PIB. En récession depuis fin 2008, le pays a enregistré une très faible croissance de 0,1% du PIB au premier trimestre 2010 par rapport au dernier de 2009.

L'exécutif s'attend en revanche au retour de la croissance en 2011, avec une progression du PIB de 1,3% en 2011 (contre 1,8% auparavant), 2,5% en 2012 (contre 2,9%) et 2,7% en 2013 (contre 3,1%).

Avec la révision de la baisse de l'activité, le chômage est également revu à la hausse. Le gouvernement l'estime à 19,4% en 2010, contre 19% dans une estimation précédente, ce qui constitue le taux le plus élevé de la zone euro.

Les prévisions sont de 18,9% pour 2011, 17,5% pour 2010, 16,2% pour 2013 (contre des estimations antérieures de 18,4%, 17%, 15,5%), bien loin du plancher historique de l'été 2007, sous les 8%.

Mesures d'austérité tous azimuts

Hier jeudi, le plan d'austérité proposé par le gouvernement a été adopté par les députés, d'extrême justesse (avec une seule voix d'avance), lors d'un vote qui a révélé l'isolement du Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero. Ces mesures, qui doivent permettre d'économiser 15 milliards d'euros en 2010 et 2011, prévoient une baisse de 5% des salaires des fonctionnaires en 2010 et leur gel en 2011, ainsi que la baisse des investissements publics de 6 milliards d'euros.

Le gouvernement a également validé ce vendredi une proposition sur le plafond des dépenses de l'Etat pour 2011, en baisse de 7,7% par rapport au budget initial de 2010. Le document sera transmis aux collectivités locales et aux puissantes régions espagnoles pour être débattu.

Le gouvernement espère ainsi ramener les déficits publics (Etat, collectivités, Sécurité sociale) de 11,2 % du PIB en 2009 à 9,3% en 2010, 6% en 2011 et 4,4% en 2012 pour enfin atteindre en 2013 l'objectif de 3% fixé par le Pacte de stabilité de l'Union européenne.

Négociations sociales mal en point

En parallèle au plan d'austérité, le gouvernement tente de négocier avec les partenaires sociaux une réforme du marché du travail visant à réduire les coûts de l'embauche et du licenciement. Les discussions se sont cependant terminées ce vendredi sur un échec, selon un porte-parole syndical.

Les deux grands syndicats espagnols de gauche, CCOO et UGT, qui réunissent environ 2 millions d'adhérents, ont menacé, dès jeudi, d'appeler à une grève générale en cas de réforme du marché du travail "préjudiciable" aux salariés et de décision unilatérale (par décret) du gouvernement. Ils ont proposé que les tractations se poursuivent au-delà de la date butoir fixée au 31 mai.

C'est dans ce climat déjà tendu qu'une partie des employés de Renfe, les chemins de fer espagnols, ont observé vendredi une grève pour protester contre un accord d'entreprise.

Crise politique ?

Selon les commentateurs espagnols, la difficulté de Zapatero, jeudi, à rassembler les députés autour du plan d'austérité ouvre la voie à la possibilité d'élections législatives anticipées. Privé d'alliés sûrs au Parlement, doté d'une majorité relative seulement (169 sièges sur 350), le chef du gouvernement court le danger d'un rejet de son projet de loi de finances 2011 à l'automne, estiment-ils. Cela "l'obligerait à choisir entre prolonger le budget de cette année, une preuve d'impuissance en pleine crise, ou à dissoudre le Parlement", résumait ce vendredi l'influent quotidien de centre-gauche El Pais.

Pour l'heure, les socialistes écartent l'idée d'élections anticipées. "Nous avons été élus [en 2008] pour quatre ans et nous allons continuer à gouverner jusqu'à récupérer le chemin de la croissance et de la création d'emplois", a affirmé ce vendredi le vice-présidente du gouvernement Maria Teresa Fernandez de la Vega.

Commentaire 1
à écrit le 29/05/2010 à 3:42
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Que Zapatero, le responsable de la situation desespérée de l'Espagne soit éliminé est dans l'ordre des choses.

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