BP : le pétrole coule de plus belle dans l'attente d'un nouvel entonnoir

En attendant la pose par BP d'un nouvel entonnoir plus performant sur la fuite de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique, l'écoulement s'est intensifié. Le groupe chercherait par ailleurs à vendre des actifs à Apache.

Le groupe BP a retiré samedi un entonnoir posé sur la fuite à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique afin de pouvoir poser un plus gros dôme, capable celui-ci de récupérer la quasi-totalité du pétrole qui s'échappe du puits. "La différence est que l'un est complètement scellé et que l'autre ne l'était pas", a expliqué Kent Wells, le vice-président de l'unité exploration et production du groupe pétrolier.

En attendant, le pétrole s'est remis à jaillir à plein débit jusq'au remplacement du nouvel entonnoir d'ici quatre à sept jours. Un délai bien plus long que celui initialement prévu puisque Thad Allen, amiral en retraite des gardes-côtes, chargé de superviser les opérations de nettoyage, avait dit que la pose du nouveau dôme pourrait être terminée dimanche soir ou lundi. Mais le plan de BP, qu'Allen a approuvé vendredi soir après avoir publiquement contesté l'échéancier, prévoit une procédure de quatre à sept jours.

Kent Wells a expliqué que la durée avait été allongée pour permettre des ajustements en cas de problèmes imprévus. Il a ajouté que BP tenait prêt un entonnoir de rechange au cas où celui qui est prévu et son dispositif de scellement ne fonctionneraient pas.

Parallèlement, la compagnie prépare et teste un troisième navire en espérant qu'il pourra commencer à siphonner du brut dès dimanche soir.

Tout ce nouveau dispositif plus perfectionné (entonnoir +bateaux) devrait permettre de recueillir 80.000 barils par jour quand le débit de la fuite est estimé à 60.000 barils mais aussi de se déconnecter et de se déplacer rapidement à l'approche d'un ouragan. Il devrait être mis en place "d'ici deux à trois semaines" au lieu de mi-juillet mais la mer houleuse et des vents violents liés au passage de l'ouragan Alex ont retardé les opérations.

La marée noire a été déclenchée par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril. Depuis, le littoral des cinq Etats américains bordant le golfe du Mexique a été gravement touché provoquant sur son passage une hécatombe parmi les oiseaux, tortues de mer et dauphins tandis que les activités de pêche, de tourisme et de forage pétrolier ont subi des pertes de millions de dollars.

Vente d'actifs pour alimenter le fonds de réserve promis

Le "Sunday Times" rapporte ce dimanche que BP chercherait à vendre certains actifs et serait même en négociations exclusives avec son homologue américain Apache Corporation. Les actifs mis sur la table s'élèveraient à 12 milliards de dollars et incluerait la participation de BP dans Prudhoe Bay, en Alaska, le plus grand champ d'Amérique du Nord.

Ce à quoi s'ajouterait prochainement la vente des 60% que détient BP dans Pan American Energy, un producteur argentin. Le rachat de cette part d'une valeur de 9 milliards de dollars tenterait, d'après le journal, le chinois CNOOC et l'argentin Bridas. Il n'est pas exclu non plus que BP vende ses activités au Venezuela et en Colombie, d'une valeur d'un milliard de dollars, ainsi que celles au Vietnam, d'une valeur similaire.

Apache, qui vaut 29 milliards de dollars en Bourse, a déjà conclu des rachats avec BP dans le passé, mais pas du niveau d'une éventuelle acquisition dans Prudhoe Bay, note le journal, un champ qui produit 390.000 barils par jour, soit 15% de la production de la Mer du Nord. Mais l'opération si elle se réalise devrait en outre avoir le feu vert des partenaires de BP, Exxon et Conoco Philips, dans ce champ en Alaska, explique encore le "Sunday Times". Car selon lui, il est probable qu'Exxon et Conoco ont un droit de préemtion sur la part de BP, qui pourraient les autoriser à la racheter s'ils proposent le même prix qu'Apache.

Toutes ces discussions entrent dans le cadre de la constitution par BP d'un fonds de réserve de 20 milliards de dollars (15,8 milliards d'euros), promis aux autorités américaines pour assurer le coût du nettoyage et des dédommagements liés à la marée noire.

D'après les dernières estimations, la facture s'élève à 3,12 milliards de dollars. Il est donc primordial pour le groupe de trouver des liquidités, soit en vendant des actifs, soit en trouvant de nouveaux actionnaires et ce afin de se protéger d'une éventuelle OPA.

L'enquête judiciaire se poursuit

"L'enquête se poursuit. Nous sommes en train de rassembler des documents, de parler à des témoins", a déclaré Eric Holder dans un entretien diffusé ce dimanche par à la chaîne CBS. Il n'a fourni aucune date quant à la possible mise en cause judiciaire du groupe pétrolier à l'origine de cette catastrophe.


 

 

 

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