Dilma Rousseff, qui doit succéder à Lula, aura besoin d'un second tour

La candidate du parti au pouvoir au Brésil a obtenu ce dimanche nettement moins que les 50% nécessaires pour une victoire dès le premier tour.

Dilma Rousseff est arrivée largement en tête au premier tour de l'élection présidentielle de dimanche au Brésil, mais devra passer par un second tour pour devenir la première femme à diriger le pays. Adoubée par le président sortant Luis Inacio Lula da Silva, Rousseff a recueilli 46,9% des suffrages.

Elle semble avoir subi une désaffection de dernière minute; victime d'un scandale de corruption. Ce dernier a terni la fin de sa campagne et de ses positions sur certains sujets de société. Jusqu'à la veille du scrutin, les sondages voyaient encore cette ancienne rebelle marxiste de 62 ans gagner dès le premier tour. Pour ce faire, elle devait rallier 50% des voix plus une.

La candidate du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir n'y est pas parvenue et affrontera au second tour, le 31 octobre, son principal rival, l'ancien gouverneur de Sao Paulo José Serra, qui recueille 32,6% des voix.

Le recul de Rousseff profite pour l'essentiel à la candidate des Verts Marina Silva, qui a capté 19,3% des votes et se voit ainsi en mesure de jouer un rôle majeur en vue du second tour. Elle a néanmoins affirmé qu'elle ne donnerait pas de consignes.

Rousseff, qui entend poursuivre la politique menée par Lula, mélange de pragmatisme économique et d'interventionnisme social, sera la grande favorite du second tour. Mais elle se voit privée du mandat fort que lui aurait donné une victoire dès dimanche, notamment pour mener à bien la réforme fiscale qu'elle a promis.

Devant ses partisans, elle a tenté de tirer un bilan positif du premier tour, affirmant que les semaines de campagne à venir lui permettraient de mieux détailler ses propositions." "Nous sommes des guerriers, nous sommes habitués aux défis", a-t-elle lancé, flanquée de son colistier et des cadres du PT.

Devancée par Serra dans les premiers mois de la campagne, elle a pris les devants et gardé une très large avance à la faveur du soutien sans faille de Lula qui l'a lui-même désignée. Elle a ainsi bénéficié de l'immense popularité de celui qui préside le Brésil depuis huit ans, ainsi que d'une croissance économique forte dans ce pays, huitième puissance mondiale.


Défaite improbable

Mais de récentes allégations de corruption visant une de ses anciennes collaboratrices, ainsi que les interrogations des chrétiens évangélistes sur ses positions sur l'avortement ou d'autres sujets sociétaux, ont mis un frein à sa campagne. Elles semblent avoir instillé un doute suffisant pour la priver du plébiscite annoncé.

Depuis un mois, les sondages créditaient Dilma Rousseff de plus de 50% des intentions de vote et son score final du premier tour pourrait raviver les critiques sur son manque de charisme et sa maigre expérience au niveau exécutif.

Dans un Brésil où la religion est très prégnante et qui assiste à une montée en puissance des chrétiens évangélistes, elle a sans doute pâti de positions plutôt libérales qui ont détourné les croyants fervents de sa candidature. L'ancienne directrice de cabinet de Lula a rencontré les dignitaires religieux la semaine dernière pour réaffirmer son respect des lois, mais des vidéos très consultées sur Internet ont trahi sa préférence pour la dépénalisation de l'avortement.

Arrivé comme attendu en deuxième position, José Serra, 68 ans, un des hommes politiques les plus expérimentés du Brésil, dispose désormais de quatre semaines pour renverser la vapeur. "Je suis ravi, mais je ne suis pas surpris", a-t-il lancé à ses partisans réunis à Sao Paulo. "Maintenant, nous allons nous battre et nous irons chercher la victoire."

Les analystes estiment néanmoins que seul un scandale majeur impliquant directement Dilma Rousseff pourrait la priver de la présidence.

Comme il l'a fait depuis le lancement de la campagne à la télévision, Lula devrait profiter des prochaines semaines pour défendre son bilan - notamment les 20 millions de personnes sorties de la pauvreté depuis 2003 - et inviter les électeurs à choisir la meilleure candidate à ses yeux, Dilma Rousseff.

"C'est un climat électoral qui favorise le parti sortant. Les Brésiliens sont généralement très contents de leur gouvernement", note le politologue Luiz Priva.

Huit années de libéralisme économique et de programmes sociaux ont mis le Brésil sur la voie d'une croissance rapide et ont favorisé l'émergence d'une vaste classe moyenne.

Rousseff entend se concentrer sur les infrastructures très perfectibles du pays qui accueillira en 2014 la Coupe du monde de football et en 2016 les Jeux olympiques à Rio de Janeiro.

Ses proches collaborateurs tentent quant à eux de dissiper les craintes du monde économique et financier qui voyait en elle une présidente plus à gauche que Lula.

 

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