L'économie espagnole a stagné au troisième trimestre, selon une première estimation publiée ce jeudi. Les chiffres de l'Institut national de la statistique (INE) montrent qu'au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) espagnol est resté stable après une progression de 0,2% pour la période avril-juin. Les économistes interrogés par Reuters avaient toutefois anticipé une contraction de 0,1% pour le troisième trimestre.
En rythme annuel, le PIB espagnol quand même a progressé de 0,2% contre une croissance de 0,1% attendue par le marché. Il s'agit de sa première croissance sur un an après sept trimestres consécutifs de contraction.
Ces résultats sont conformes aux prévisions données la semaine dernière par la Banque d'Espagne. Cette dernière avait fait part d'"un affaiblissement de l'activité, de caractère transitoire, dû en grande partie à la fin de plusieurs facteurs stimulants", entre autres la fin de la prime à la casse dans l'automobile et de la hausse du taux de TVA, deux mesures entrées en vigueur cet été. "A cela s'est ajouté l'impact, sur les composantes publiques de la demande nationale", avait déclaré la Banque d'Espagne.
Le gouvernement espagnol, qui a imposé un budget de grande rigueur pour 2011, table sur une contraction de 0,3% du PIB en 2010, puis une croissance de 1,3% en 2011. Les données détaillés du PIB espagnol seront publiées le 17 novembre.
"La stagnation, c'était le mieux qu'on pouvait attendre. Il y a eu un recul important dans certains secteurs tels que la construction au dernier trimestre", a commenté Nick Matthews, économiste chez RBS.
Ecarts au sein de la zone euro
"Cela montre avec insistance la divergence entre les pays du noyau de la zone euro, avec l'Allemagne dont on pense qu'elle a enregistré une croissance de 0,75% au troisième trimestre, et la périphérie où l'Espagne continue à se battre", a également déclaré Nick Matthews, estimant que la croissance de la zone euro devrait être autour de 0,4% seulement pour le troisième trimestre.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendent également en moyenne à ce que le PIB de la zone euro, dont l'estimation flash est prévue vendredi, ne montre qu'une hausse de 0,4% au troisième trimestre.
Pas d'emploi
L'économie espagnole est sortie de la récession au premier trimestre 2010, mais de nombreux économistes prévoient qu'elle pourrait de nouveau se contracter en fin d'année ou au début de 2011, handicapée par un chômage élevé et une demande faible des ménages.
L'Espagne ne peut pas créer d'emplois avec son niveau de croissance actuel, a prévenu Valeriano Gomez, le ministre du Travail, qui réagissait aux chiffres du PIB sur une radio espagnole. Le pays affiche le plus fort taux de chômage de la zone euro, autour de 20%, soit 4,5 millions de personnes selon l'INE.
En revanche, la reprise plus forte dans le reste de la zone euro semble avoir profité aux exportations espagnoles.
En milieu de matinée, la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir des obligations souveraines espagnoles à 10 ans plutôt que leurs équivalentes allemandes progressaient de 12 points de base, à 217 pdb.
