Le Japon ravi des premiers échanges de yuans en yens

A Tokyo, on salue la convertibilité du yuan en yen, mais la mesure semble surtout technique. Les relations commerciales entre les deux pays sont aussi bonnes que leurs relations diplomatiques sont mauvaises.
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Petite révolution sur le marché des changes entre la deuxième et la troisième économie du monde. Le Japon et la Chine ont commencé à échanger directement leurs devises vendredi. "En évitant de passer par une tierce monnaie, nous allons rendre plus aisé l'usage des deux monnaies, limiter les risques de perte pour les banques, réduire le coût des transactions et stimuler le marché de Tokyo", avait expliqué le ministre des Finances nippon, Jun Azumi, lors d'une conférence de presse mardi. Tandis qu?elles semblent s?éloigner l?une de l?autre politiquement en raison de brouilles diplomatiques incessantes, les deux puissances ne cessent de se rapprocher financièrement. En mars, le Japon avait annoncé l'acquisition d'obligations d'Etat chinoises pour la première fois. Un organisme d'Etat japonais pourra par ailleurs vendre prochainement en Chine des obligations japonaises libellées en yuans.

Premier partenaire du Japon

Plus largement, les deux pays espèrent dynamiser leurs échanges bilatéraux, déjà au plus haut, avec cette "mesurette". Les entreprises japonaises qui voient dans la Chine leur prochain marché se félicitent de tout rapprochement entre les deux pays, et ont donc favorablement accueilli cette évolution. La Chine est le premier partenaire commercial du Japon. Leurs relations sont encore relativement équilibrées par rapport aux autres pays développés : le déficit commercial du Japon avec la Chine est récent et est encore minime (4,2 milliards de dollars en 2011). Le Japon demeure un des premiers investisseurs dans l?Empire du milieu. Les industriels nippons ont compris que la Chine recelait les consommateurs de demain, mais aussi les capitaux de demain.

Mesure symbolique

Les échanges commerciaux entre la Chine et le Japon sont réglés en dollars à 99%, et la mesure est donc encore symbolique. C?est tout de même un crime de lèse-majesté vis à vis du dollar, monnaie régionale de fait en Asie. « C'est essentiellement une mesure technique, mais aussi un petit coup de canif supplémentaire dans le statut dominant du dollar. Il s'agit purement d?opérations de change liées à des flux commerciaux, donc tout cela reste sous contrôle et ne remet pas en cause la non-convertibilité du volet financier de la balance des paiements chinoises. La manoeuvre est interprétée par certains comme une manière d'éviter l'accumulation de dollars (cela me semble techniquement correct), mais si c'est pour les remplacer par des yens, cela me semble assez court-termiste», explique sous couvert d?anonymat un gérant de fonds basé à Hong Kong.

Cette évolution est aussi un nouveau signe de la volonté de la Chine de régionaliser sa monnaie. Si le Japon n?a jamais souhaité faire du yen une monnaie internationale, la Chine, elle, affiche clairement l?ambition opposée.

 

Commentaires 3
à écrit le 03/06/2012 à 17:01
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Mesure de symbole, celà compte bcp pour les Chinois, mais ce sont les EU qui restent maîitres du jeu géopolitique et le Japon n'ira pas plus loin, même si les Chinois le veulent...Quant aux relations sino-nippones elles restent ds le domaine commerci...

à écrit le 01/06/2012 à 17:04
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naissance de l'asia-dollar ?

à écrit le 01/06/2012 à 16:36
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Le Yen va trouver le Yuan comme long fleuve tranquil au risque d'être submergé. Nous avonçons vers la convertibilité 1 pour 1 qui semble pourtant lointaine. pour parler monétaire au Japon il faudra s'adresser à la Chine comme l'on demandait avant aux...

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