Ronja Kempin : "pour l'instant, il y a une rupture franco-allemande"

Spécialiste des questions de sécurité et de défense, Ronja Kempin estime que le temps qui suivra l'action militaire en Libye sera décisif pour la relation entre les deux pays.
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L'Allemagne s'est opposée fermement à toute intervention militaire en Libye, se prononçant plutôt pour des sanctions politiques et économiques. Comment expliquer ce positionnement ?

En Allemagne, l'armée est en pleine réforme. Il y a eu des turbulences autour de notre ministre de la Défense sortant, Théodor Zu Guttenberg [limogé le 1er mars pour accusation de plagiat dans sa thèse]. Il avait initié des réformes qu'il n'a pas pu terminer.

Son successeur, Thomas de Maizière, est un fidèle d'Angela Merkel, mais il n'est pas familier des questions militaires. Il mettra un peu de temps avant de connaître ses dossiers. D'un point de vue militaire, l'Allemagne ne se sentait donc vraiment pas prête à intervenir dans ce conflit.

Au sein même de la coalition gouvernementale, certains ont été surpris par la prise de position d'Angela Merkel. Peut-être l'Allemagne aurait-elle pu voter en faveur de la résolution [1973] adoptée par l'ONU, tout en précisant qu'elle ne mettrait pas de moyens militaires à disposition de la coalition.

La chancelière ne risque-t-elle pas de s'isoler de ses partenaires européens ?

Ce risque existe. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, l'Allemagne s'oppose à une décision franco-américaine. Habituellement, le pays est toujours soit du côté de la France, soit de celui des Etats-Unis.

En Allemagne, on a compris que cette situation était un peu risquée. Le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, l'a aussi fait très clairement fait sentir lorsqu'il s'est rendu à New York, pour défendre la résolution devant l'ONU, alors qu'il devait venir en visite à Berlin.

Désormais, Angela Merkel va tout faire pour corriger l'impression selon laquelle l'Allemagne n'est pas un partenaire fiable dans le domaine de la politique de sécurité et de défense.

Cela veut-il dire que l'Allemagne pourrait faire évoluer sa position lors du sommet de Bruxelles, jeudi 24 et vendredi 25 mars ?

Je ne le crois pas.

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Commentaire 1
à écrit le 22/03/2011 à 12:29
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Merkel à du consulter ses anciens de l'est dont elle est originaire , en adoptant la ligne Poutine , elle prend le risque de diviser provisoirement et de se faire éjecter par les Allemands .

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