Moody's et S&P veulent de la croissance, Berlin en détient les clés

Les agences soulignent l'impact négatif de la faible croissance sur le déficit. Seule l'Allemagne peut vraiment contribuer à la relancer.
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Avec 0,75 % de croissance en 2012, selon les nouvelles prévisions gouvernementales, l'Allemagne se trouve de fait dans une situation de stagnation économique. Le gouvernement allemand va-t-il, pour autant, changer sa politique économique ? C'est très peu probable. Après avoir enregistré un déficit public très faible en 2011 (1 % du PIB), Berlin vise l'équilibre budgétaire à tout prix. Pas question, donc, de mesures de soutien à l'économie.

Et pourtant... un peu de relance outre-Rhin profiterait à nos voisins, et à toute l'Europe. À la France, notamment, à propos de laquelle les agences de notation soulignent la faiblesse de la croissance.

Exigences contradictoires

Après ­Standard & Poor's vendredi, Moody's a relevé ce lundi que « les perspectives de croissance en France et à l'international présentent des risques significatifs pour les plans de consolidation du gouvernement français ». N'hésitant pas à formuler des exigences contradictoires, les agences demandent à Paris d'augmenter sa croissance, après avoir exigé une baisse du déficit à marche forcée, qui pèse à l'évidence sur la conjoncture.

« Nous sommes dans une situation de politiques économiques synchronisées, tout le monde suit l'Allemagne sur la voie de la rigueur, souligne Éric Heyer, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE. Des politiques coordonnées seraient préférables. » De ce point de vue, le projet français de TVA sociale, qui devrait être discuté mercredi, vise plutôt à prendre de la croissance aux partenaires européens, en gagnant en compétitivité. Un jeu non coopératif...

Mieux vaudrait une coordination européenne, avec une politique de relance dans les pays en excédent. L'Allemagne, avec ses comptes publics quasiment à l'équilibre et une balance commerciale largement excédentaire (4,9 % du PIB en 2012 selon les dernières prévisions de la Commission européenne), pourrait jouer le jeu, en allégeant sa fiscalité ou en augmentant certaines dépenses publiques.

Angela Merkel s'y refuse pour des raisons de politique interne. Mais aussi sur la base de considérations économiques on ne peut plus rationnelles : à long terme, c'est en Allemagne que la dette publique sera la plus lourde à porter, en raison de perspectives de croissance de plus en plus faibles, à mesure que la population diminuera.

« L'Allemagne aurait pu éviter de pratiquer la rigueur à tout prix quand elle affichait 4 % de déficit public, relève Frédéric Gonand, professeur associé à Paris Dauphine. Aujourd'hui, lui demander de pratiquer une politique à contre-courant paraît délicat. »

La relance budgétaire n'est pas la seule arme dont dispose l'Europe pour retrouver de la croissance. « Il faudrait aussi que la BCE puisse jouer son rôle de prêteur en dernier ressort auprès des États, ce qui permettrait des baisses de taux d'intérêt substantielles, et donc allégerait le fardeau de la rigueur », estime Éric Heyer. Et des eurobonds permettraient de relancer l'investissement public dans une perspective européenne. Mais Berlin s'oppose à ces deux options. Ivan Best

Commentaire 1
à écrit le 18/01/2012 à 9:40
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Il suffirait pourtant de modifier les traités de façon à permettre aux pays de l'Union Monétaire à économie faibles de prendre des mesures visant à protéger leur économies. Vous ne rendrez jamais l'économie grecque capable de concurrencer l'économie ...

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