Le « Pacte de croissance » fait son chemin à Bruxelles

Les voix demandant un traitement spécifique - donc moins exigeant - aux dépenses publiques d'investissement dans le calcul de l'équilibre budgétaire reprennent de la vigueur... au point d'esquisser la ligne d'un futur compromis entre Paris et Berlin pour relancer l'activité en Europe.
Copyright AFP

Il aura suffi d'une phrase mercredi 25 avril de Mario Draghi sur le ?pacte de croissance? devant les députés européens pour qu'immédiatement les commentateurs pressés en fassent un ?hollandiste?. Prudent mais optimiste, le député européen PS Liem Hoang-Ngoc disait jeudi du président de la Banque centrale européenne : ?il sent que le changement électoral va avoir lieu, il laisse les portes ouvertes?.

Il ne fait pas de doute que le débat sur la croissance a plus avancé en quelques jours, depuis le premier tour de l'élection présidentielle français et la crise politique à La Haye, qu'au cours des derniers mois. Cette semaine, dans un entretien à La Tribune Hebdo à paraître, le commissaire européen Michel Barnier, qui fut ministre sous Nicolas Sarkozy, déclarait au sujet du traité pour la stabilité que le candidat socialiste à l'Elysée François Hollande refuse de ratifier en l'état : « il faut le respecter, le ratifier et le compléter par une initiative européenne de croissance ».

Quelle initiative de croissance ?

Toute la question est de savoir laquelle et si elle s'accompagnera d'un assouplissement des trajectoires de consolidation budgétaire définies à Vingt-Sept. Les avis divergent évidemment entre les tenants des réformes structurelles, héritiers des économistes de l'offre, et ceux qui jugent qu'à trop couper dans les dépenses publiques, on risque la panne, d'inspiration plus keynésienne. Dans un discours devant le patronat, le président du Conseil européen Herman van Rompuy s'est résolument placé dans le camp des premiers. Il a mis l'accent sur l'assouplissement du marché du travail, la libéralisation des marchés de services et la négociation de nouveaux accords de libre-échange.

"Bonnes" et "mauvaises" dépenses publiques

Mais le camp des seconds se sent renforcé par le retour du vieux débat sur les bonnes et les mauvaises dépenses publiques, qui a fait surface mercredi lors du débat entre Mario Draghi et les parlementaires européens. Et il a été porté ces jours derniers par le président du Conseil italien, Mario Monti, qui a plaidé pour « un traitement approprié des investissements dans les budgets internes des Etats »... « qui ne soit pas une façon d'éluder la discipline fiscale », mais de la rendre possible, au contraire.

Idée ancienne

Les deux Mario, vétérans de la construction européenne, sont bien placés pour savoir que ce débat est ancien. Comme l'a rappelé le président de la Banque centrale européenne, il a eu lieu une première fois après la signature du traité de Maastricht. Il a ressurgi en 1997, lorsqu'il s'est agi de mettre sur pied le fameux « pacte de stabilité et de croissance » qui a tant inspiré les récentes réformes. Il était porté à l'époque par un certain Mario Monti. A l'époque commissaire européen, ce dernier voulait inscrire dans le traité d'Amsterdam une règle d'or, mais différente de celle promue récemment par Berlin. Une règle d'or où les dépenses d'investissement publiques ne seraient pas prises en compte dans l'appréciation de la soutenabilité de la dette.

Un protocole au traité ?

Ce débat va donc rapidement déborder du champ académique tant il est évidemment qu'il peut fournir la clé du dilemme « hollandais ». En modifiant les principes de calcul de la dépense publique, on s'autorise à respecter la règle d'or et la trajectoire de consolidation budgétaire, tout en laissant possible une politique d'investissement public. A Bruxelles on évoque déjà un protocole au fameux traité sur la stabilité financière qui permettrait de préciser dans une acception plus « montienne » que « merkelienne » la fameuse règle d'or.
 

Commentaires 14
à écrit le 08/06/2012 à 13:49
Signaler
Dimanche 10 et 17 juin, faites entendre votre voix. VOTER UMP pour qu'il y ait un contre pouvoir à l'assemblée Nationale. Ne laissons pas la France tomber dans le précipice des dépenses et refusons de devenir la Grèce ou l'Espagne.

à écrit le 28/04/2012 à 17:58
Signaler
qu'est ce qu'un "investissement"au sens des génies de bruxelles?l'aeroport tout pourri a nantes que ayrault construit contre l'avis de tous?le futur toit des halles a paris,petit caprice a 1 milliard de delanoe?

à écrit le 28/04/2012 à 9:35
Signaler
vers l?isolationniste de MERKEL !?

le 28/04/2012 à 18:37
Signaler
il semblerait qu'elle bouge "un peu" ce samedi... suite ?

à écrit le 27/04/2012 à 12:40
Signaler
2 attitudes s'opposent : 1/Traiter le problème des déficits en évitant la décroissance pour lancer, par la suite, une politique audacieuse de croissance. Le risque : les conflits sociaux. 2/ lancer une politique de croissance, qui ne pourra pas être ...

le 27/04/2012 à 23:55
Signaler
moi pour faire comme l'islande gouvernement démission privatisé les banques refusé de payer la dette qui ne vient pas du peuple EUX ils l'ont fait mais en france ont en parle pas chut ça pourrais faire du bruit alors aller voir nous ont attend qu...

à écrit le 27/04/2012 à 1:27
Signaler
La dette de la France est alimentée par la retraite à 60 ans et les 35 h ( près de 5 semaines de congés payés supplémentaires ) qui détruisent les entreprises, les emplois et les ressources de l'état. Pour obtenir la croissance qu'il recherche, il su...

le 28/04/2012 à 8:55
Signaler
de l'argent il y en a pour les retraites le probleme c que 5%ont 90% de la masse de fric joue spécule avec les autres ONT LES MIETTES VOILA la vérité alors whynot tu doit revoir ta copie

à écrit le 27/04/2012 à 0:53
Signaler
L'Europe s'enfonce dans la misère. L'incurie et les mensonges des responsables crèvent les yeux. "Quand des millions de personnes se rendront compte que l'on ne peut plus vivre comme par le passé, la Révolution sera logique et inévitable" suivant le ...

le 27/04/2012 à 13:48
Signaler
A pierre - L'Europe est confrontée à la volonté des pays émergents d'obtenir leur part du gâteau économique international. Est-ce par la révolution et les graves troubles sociaux que les dégâts peuvent être limités?

le 28/04/2012 à 8:12
Signaler
non ,notre situation n'a rien a voir avec les pays émergents.elle a a voir avec 40 ans de malversations dans les milieux financiers occidentaux et avec la corruption des états.on oublie que c'est ce qui a fait sauter l'urss il y a peu

à écrit le 26/04/2012 à 20:59
Signaler
@tartemolle. Savez-vous que cela fait deux ans que des pays taillent dans leurs dépenses publiques, conformément à vos souhaits ? Avez-vous vu le résultat de ces brillantes politiques ? Un désastre !!! Aucun des objectifs que l'austérité devait perme...

le 26/04/2012 à 22:23
Signaler
Vous faites penser au type à côté du chauffeur de car qui file vers le ravin en essayant de freiner, et qui lui dit t'es nul, tu n'arrives pas à l'arrêter, accélère !!!

à écrit le 26/04/2012 à 20:39
Signaler
"Ce débat va donc rapidement déborder du champ académique tant il est évidemment qu'il peut fournir la clé du dilemme « hollandais ». En modifiant les principes de calcul de la dépense publique, on s'autorise à respecter la règle d'or et la trajectoi...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.