Entreprises européennes : « Small is not beautiful »

Une étude de l'Institut Bruegel établit que pour renouer avec la croissance et la compétitivité, les entreprises des pays du sud de la zone euro doivent impérativement grandir, ce qui passe par des investissements dans la R&D et l'amélioration des infrastructures.
Copyright Reuters

Parmi les problèmes qui minent la sortie de crise des pays de la zone euro figure celui ? vital - de la compétitivité des entreprises et donc de la place du Vieux Continent dans la compétition internationale.

Plusieurs chercheurs de l?Institut Bruegel, un think tank de Bruxelles, ont mené une étude sur ce point dans sept pays de la zone euro. Intitulé « Breaking down the barriers to firm growth in Europe » (Réduire les obstacles pour favoriser la croissance en Europe), leur travail montre que les entreprises des pays du sud sont moins compétitives que celles du nord. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

D?abord, il y a un problème structurel de taille. Les chercheurs relèvent que les entreprises espagnoles et italiennes sont 40% plus petites que leurs homologues allemandes. Dans les deux pays latins, « à peine 5% ont plus de 250 employés », contre 11% outre-Rhin. Et les écarts sont encore plus marqués si l?on ne prend en compte que les entreprises exportatrices.

Signe d'inefficience

Or, « une surabondance de petites entreprises est une signe d?inefficience », car « à l?évidence », les grandes entreprises « sont plus profitables, proposent des salaires plus élevés, sont plus productives, et remportent plus de succés à l?exportation », résument deux des chercheurs, Klaus Desmet et Loris Rubini. Ce constat établi, il s?agit de cerner ce qui empêche les entreprises italiennes et espagnoles de grandir.

L?étude retient trois critères en la matière : les coûts élevés pour l'exportation, qui peuvent dissuader les entreprises de se développer à l?international ; les coûts élevés de l?innovation ; et les différences de politiques fiscales.

En effet, ce ne sont pas pour les mêmes raisons que les entreprises italiennes et espagnoles ne sont pas aussi performantes que l?Allemagne dans la compétition internationale. Ainsi, dans le pays de Dante, ce sont les coûts élevés de l?innovation qui pénalisent les entreprises (ils sont 47% supérieurs à ceux pratiqués en Allemagne) tandis que dans le pays de Cervantès, ce sont ceux des exportations qui les brident (52% plus élevés qu?en Allemagne).

Paperasserie et infrastructures

On voit par là que les deux pays du sud doivent favoriser des politiques différentes pour soutenir leurs entreprises. « Par exemple, l?Italie doit réduire les formalités administratives, la paperasserie, tandis que l?Espagne doit améliorer la qualité de ses infrastructures portuaires et réduire le prix de son transport aérien », soulignent les deux chercheurs.

Cette nécessité de prendre en compte la spécificité de chaque pays dans la résolution de la crise a déjà été soulignée. "La clé est de concevoir des réformes qui sont étroitement adaptées aux défis propres à chaque pays. Les problèmes liés à la compétitivité varient même parmi les pays touchés par la crise dans le sud de l'Europe",  expliquait en mai dernier Nemat Shafik, directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI).

Mais, avec la nécessité de réduire leurs déficits publics, ces pays ne font qu?accentuer leur désavantage. A l'image de Madrid qui a coupé de 20% ses investissements en recherche et développement (R&D) entre 2009 et 2012. Même si cela ne représente qu?une baisse de 0,1% du PIB, « cela réduira le bien-être en terme de consommation de 3% », ont calculé Klaus Desmet et Loris Rubini.

Danger d'un éclatement de la zone euro

Par ailleurs, les deux chercheurs alertent sur le danger d?un éclatement de la zone et d?un abandon de la monnaie unique. Un tel scénario, qui jusqu?à récemment paraissait impossible, est devenu aujourd?hui une option réelle, en raison de la déception entraînée par la crise qui n'en finit pas et les politiques d'austérité menées dans presque tous les pays .

Dans une telle hypothèse, soulignent les deux chercheurs, et en se fondant sur une chute de 10% des échanges commerciaux de l?Europe en raison du risque de change inhérent, la hausse des coûts des exports pèserait sur la R&D et la croissance, et se traduirait pas par une baisse de la consommation comprise entre 7% et 15% selon les pays. Et dans ce cas, l?impact serait moindre pour les grands pays (7% pour l?Allemagne) que pour les petits (15% pour l?Autriche).

Autrement dit, selon l'étude, la fin de l?euro serait pire que de persévérer dans la construction européenne en menant des politiques ciblées en faveur des entreprises, notamment pour les plus petites d?entre elles.

Commentaires 5
à écrit le 10/09/2012 à 22:43
Signaler
en france, si vous avez plus de 49 salaries, vous etes oblige d'avoir un syndicaliste qui va vous faire la lutte des classes, en plus faut payer ce gars a demolir votre voite, lui donner un local, et lui fournir gratuitement tout le materiel dont il ...

à écrit le 10/09/2012 à 19:05
Signaler
Glaçant: « une surabondance de petites entreprises est une signe d?inefficience », car « à l?évidence », les grandes entreprises « sont plus profitables, proposent des salaires plus élevés, sont plus productives, et remportent plus de succés à l?expo...

le 11/09/2012 à 12:02
Signaler
+1 Il semble également que cette étude a délibérément occulté le phénomène de sous-traitance, qui permet à ces grosses sociétés de baisser leur coûts. Qu'en serait-il si elles étaient obligées d'embaucher, si elles ne pouvaient préssuriser les PME/PM...

à écrit le 10/09/2012 à 18:02
Signaler
En tout cas, ce n'est pas en rajoutant 10 milliards d'impôts supp sur les entreprises que cela va faire avancer dans le bon sens !!! Quand à la paperasse, relisez le code du travail et vous comprendrez les principaux freins à la création d'emplois, s...

le 10/09/2012 à 22:45
Signaler
votre bon sens n'est pas celui du president et de ses sbires, qui se contentent de palper des brouzouffes, sans etre ' caution personnelle et solidaire'... tt est une question d'interpretation; reduisez la voilure, c'est pas bon pour le pays, mais c'...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.