"Tout le monde doit payer." Cette ferme déclaration du secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, ce mardi sur i-Télé, résume bien le message qu'entendent faire passer les ténors de l'UMP à l'opinion publique au moment où le financement des retraites impose un nouvel effort des Français. Mais ce "tout le monde" suppose-t-il de revoir l'un des fondements de la politique fiscale du gouvernement à savoir qu'aucun contribuable de doit verser en impôts directs plus de 50% de ses revenus fiscaux ? La remise en cause du bouclier fiscal divise apparemment la majorité.
Lundi soir, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, s'était dit partisan, à titre personnel, d'une suppression du bouclier fiscal pour les plus favorisés. Alors qu'on lui demandait ce qu'il pensait de la déclaration de son collègue, Laurent Wauquiez a d'abord tenté une esquive : "moi, ce sur quoi je suis d'accord, c'est que le financement de la réforme des retraites doit être équitablement réparti sur tout le monde". Mais comme on lui demandait si cela signifiait la fin du bouclier fiscal", il s'est contenté de répondre : "cela peut être sous la forme du bouclier fiscal, cela peut être sous d'autres formes aussi." Et d'ajouter : "tous les revenus devront participer à l'effort de solidarité pour les retraites."
Autre son de cloche du côté du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer : "j'ai été le premier à dire que le bouclier fiscal n'avait pas à être remis en cause sauf si les prélèvements publics étaient eux-mêmes remis en cause. Si un effort est demandé aux Français en matière sociale, la question sera ouverte", a insisté ce mardi le député UMP de Haute-Savoie. Le troisième personnage de l'Etat estime d'ailleurs que Nicolas Sarkozy a donné son feu vert à cette remise en cause : "s'il faut augmenter les prélèvements pour contenir la montée de la dette sociale, le président de la république a clairement dit que cette perspective n'était pas fermée".
Alain Minc, qui a toujours l'oreille du président Nicolas Sarkozy, est plus prudent : "je préfèrerais qu'on fasse un prélèvement sur les riches temporaire et qu'on garde quand même l'idée du bouclier", a-t-il expliqué ce matin sur Europe 1 en ajoutant que "ce n'est pas avec les 600 millions d'euros du bouclier qu'on répond aux dizaines de milliards de déficit". Le Chef de l'Etat a d'ailleurs répété lundi soir sa volonté de faire participer les hauts revenus au financement de la réforme des retraites au nom de l'équité, y compris en ponctionnant le capital voire les revenus du capital.
Jean-François Copé a aussi son avis. Le patron du groupe parlementaire UMP l'a redit sur France 2 : "moi, personnellement, je pense que le bouclier fiscal ça doit permettre de rappeler à chacun qu'au-delà d'un seuil, les grosses fortunes s'en vont, et du coup on perd l'argent des impôts correspondant et ça retombe sur qui? sur les classes moyennes", a-t-il martelé. Mais Jean-François Copé se montre malgré tout ouvert sur le sujet : "je crois que l'intérêt, c'est d'être compétitif par rapport au que l'intérêt, c'est d'être compétitif par rapport aux autres pays européens tout en étant juste. Si ensuite il y a besoin pour une réforme donnée d'un effort national, ça me paraît logique que personne n'en soit exonéré."