Le point sur ... la conjoncture économique

L'économie française envoie des signaux contrastés depuis quelques semaines. Nous dirigeons nous vers un ralentissement marqué de la croissance ?La signification des dernières enquêtes de conjoncture doit être relativisée. La forte décrue du moral des ménages, par exemple, est intervenue dans un contexte social troublé (grève des transporteurs routiers). De plus, la corrélation entre le moral des ménages et leur consommation est peu significative. Les entrepreneurs relèvent pour leur part une dégradation de l'environnement économique général, notamment en relation avec la hausse du prix de l'énergie. Quand ils sont interrogés sur leurs perspectives personnelles, toutefois, c'est l'optimisme qui domine : les carnets de commandes, étrangers comme domestiques, sont pleins. Les fondamentaux de l'économie française restent donc solides, même si l'euphorie du début d'année s'est quelque peu estompée sous le coup du choc pétrolier. La situation de la zone euro semble plus contrastée. Comment expliquez vous l'incapacité de certaines économies à rattraper leur retard ?Les économies allemande et italienne ont effectivement des difficultés à revenir au niveau du reste de la zone euro. La consommation des ménages présente notamment des signes de faiblesse. Cet essoufflement prématuré peut être attribué à la faible progression du pouvoir d'achat dans ces deux pays : les hausses de salaires accordées lors des négociations salariales de la fin 1999 sont aujourd'hui ponctionnées par la hausse des prix à la pompe et de certains biens manufacturés. Le risque existe d'ailleurs que les tensions sur les prix des l'énergie, conjuguées à la faiblesse actuelle de l'euro, se répercutent dans le secteur industriel. Le niveau élevé des capacités de production, la flambée du prix des biens intermédiaires et la faible concurrence extérieure (liée à l'avantage compétitif présenté par la dépréciation de la monnaie unique) poussent le prix des biens manufacturés vers le haut. C'est ce que craint la Banque centrale européenne, et qui l'a incité à relever ses taux à sept reprises en une année.Cette conjoncture européenne favorable n'est elle pas menacée par un ralentissement brutal des Etats-Unis ?Nous attendons effectivement un ralentissement sensible de la croissance économique au 3ème trimestre : le PIB devrait croître sur un rythme de 3 à 3,5% contre près de 6% au 2ème trimestre. Là n'est pas le plus inquiétant, toutefois. Nous sommes avant tout préoccupés par les signes d'accélération de la consommation en septembre. Les ventes au détail sont en effet ressorties à un niveau sensiblement supérieur aux attentes, mettant un terme à une phase de ralentissement. Dans ces conditions, le marché de l'emploi risque de continuer de se tendre alors même que le taux de chômage est redescendu sous le seuil de 4% de la population active en septembre. A ce titre, les chiffres de l'emploi pour le mois de novembre seront déterminants dans l'optique de la réunion de la Réserve fédérale américaine du 15 novembre. Une nouvelle décrue du taux de chômage rendrait quasiment inévitable un tour de vis de la Fed à l'issue de cette réunion.
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