La BCE augmente son taux directeur d'un quart de point

Le durcissement progressif de la politique monétaire européenne vient de prendre un nouvel élan, avec la hausse de 25 points de base à 3,5 % du principal taux directeur de la Banque centrale européenne. Tandis que plusieurs éléments militent, depuis le début de l'année, pour un affermissement des conditions monétaires de la zone euro, l'institution a profité de cette dernière réunion du Conseil des gouverneurs pour affirmer sa position résolument préventive. Et ne pas se faire prendre de court par la Réserve fédérale, qui risque, elle aussi, de procéder à un tour de vis lors du prochain et imminent FOMC.Tout d'abord, la fébrilité de l'euro, qui oscille toujours entre 0,96 et 0,97 dollar, et le renchérissement du pétrole, autour de ses plus hauts niveaux depuis l'amorce de son rebond, alimentent la recrudescence de l'inflation, constatée dans la plupart des pays de la zone. Sous l'effet de la hausse du prix des biens importés, l'indice des prix à la consommation s'est tendu en février de 0,4 % en Allemagne et en Italie et de 0,1 % en France. " Ce qui était censé être un pic temporaire d'inflation pourrait finalement durer plus que prévu, augmentant le risque de voir davantage de revendications salariales ", redoutent les économistes de CDC marchés. Et pérenniser le climat inflationniste.Par ailleurs, la fébrilité des marchés d'actions de part et d'autre de l'Atlantique et le démarrage des rachats de titres d'Etat de la part du Trésor américain ont favorisé la détente des rendements à long terme et l'aplatissement de la courbe des taux. D'où la décrue des rendements réels, peu compatible avec le rebond de la conjoncture européenne. Résultat, les conditions monétaires sont encore plus accommodante que lors de la première hausse des taux directeurs de la BCE, l'automne dernier. A cet égard, la décision d'aujourd'hui n'a que marginalement modifié ce climat encore expansionniste. Avec un impact limité sur les marchés et l'économie, un tour de vis dès aujourd'hui a un effet rassurant pour les investisseurs. Mieux, " un tel ajustement, non seulement n'est pas nuisible, mais peut s'avérer positif pour la croissance à moyen terme en contribuant à éviter les goulots d'étranglement dans l'économie ", estiment les économistes du CCF.Les membres votants de la BCE ne s'y sont d'ailleurs pas trompé, en haussant le ton au cours de leurs dernières déclarations, Otmar Issing et Christian Noyer en tête. Et le dernier rapport mensuel de l'institution, en pointant du doigt les risques d'une résurgence de l'inflation, potentiellement déstabilisatrice pour l'économie, a fini de convaincre les derniers sceptiques.Après quelques faux pas, le Conseil des gouverneurs profite par ailleurs de cette réunion pour convaincre les marchés de la cohérence et de l'aspect préventif de sa politique. Alors que l'inquiétude déclarée et les interventions de la Banque du Japon sur le marché des changes n'ont pas fourni le support espéré à l'euro et que le regain de croissance de l'économie du Vieux continent ne parvient pas à compenser le dynamisme de Wall Street et de la conjoncture américaine, les cartes sont en effet entre les mains des autorités monétaires de la zone.Dans une ultime tentative pour persuader les marchés de la cohésion de la BCE, Jean-Claude Trichet s'est d'ailleurs voulu rassurant. " Nous pensons tous unanimement, les 17 membres du Conseil, et je dois dire aussi tous les ministres de la zone, que l'euro a un important potentiel d'appréciation, tout en poursuivant nous-mêmes une politique de stabilité et de solidité monétaire ", a-t-il indiqué. L'objectif, combler le déficit de crédibilité de l'institution, préalable à tout rebond de la devise et à la pérennisation de la croissance.
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