« La crise turque restera circonscrite »

La Tribune. - Existe-t-il un risque de contagion de la crise turque aux autres économies émergentes ?Jean-Christophe de Beaulieu. La crise turque tient essentiellement à l'extrême fragilité du secteur bancaire. Sur les quatre-vingts établissements du pays, une dizaine seulement présentent des garanties de solvabilité satisfaisantes. Les turbulences actuelles, qui couvent depuis plusieurs mois, sont donc essentiellement d'ordre interne et rien ne laisse penser qu'elles se transmettront aux autres économies émergentes. Les banques européennes, par contre, sont en première ligne. Un quart des engagements internationaux des banques allemandes étaient par exemple destinés à la Turquie fin 2000.Après leur rebond de la fin 2000, les Bourses des pays émergents sont reparties à la baisse. Quels sont les conditions d'une reprise durable ?Tout est affaire de liquidités sur les marchés émergents. En décembre dernier, beaucoup de capitaux ont afflué vers les marchés émergents, attirés par des niveaux de valorisation très bas. Le mouvement a été d'autant plus brutal que les gérants étaient fortement sous-investis à cette époque et disposaient de liquidités abondantes. Pour que se manifeste un rebond durable, il est crucial que la situation de l'économie américaine se stabilise. A quelques exceptions près, les pays émergents, qu'ils soient sud-américains ou asiatiques, restent sensibles à la conjoncture américaine. Un exemple : la Corée du Sud et Taïwan ont attendu la baisse des taux de la Fed pour assouplir leur propre politique monétaire.Quels marchés émergents sur-pondérez vous aujourd'hui ?Notre principal pari concerne le Brésil, premier marché d'Amérique Latine, qui a l'avantage d'être l'une des Bourses les moins corrélées avec l'économie américaine. Ce pays, qui a réussi à trouver des relais de croissance dans sa demande intérieure, s'est également engagé de plain pied dans la révolution technologique en développant ses infrastructures de télécommunications. Les niveaux de valorisation restent par ailleurs très attractifs et la dévaluation du real a rendu les exportations compétitives.Propos recueillis par Jean-Noël Roffiae
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