L'Eurogroupe s'affiche optimiste sur la croissance et les déficits

Comme souvent au sein des instances de l'Union européenne, le débat n'a pas eu lieu. La rencontre la nuit dernière des douze ministres des Finances au sein de l'Eurogroupe n'a pas débouché sur un aménagement du Pacte de stabilité et de croissance. Hier, le commissaire aux affaires économiques Pedro Solbes avait pourtant évoqué certains aménagements: il n'en a rien été.La réunion de Bruxelles a en revanche été l'occasion d'un petit exercice d'optimisme. Les douze ministres se sont félicités que la reprise soit "en route", même si "elle est un peu retardée". En conséquence, l'Eurogroupe reconnaît que les objectifs budgétaires de 2002 ne seront pas atteints en raison de ce ralentissement de la reprise et de "l'effet des stabilisateurs automatiques qui en résulte". Des difficultés qui n'empêchent pourtant pas les ministres et la Commission de réitérer leur volonté de parvenir à l'objectif du déficit zéro en 2004. En fait, les ministres comptent sur la hausse de l'euro et sur le maintien de taux d'intérêt bas pour soutenir la reprise au second semestre 2002 et durant l'année 2003.Un discours qui s'apparente un peu à la méthode Coué. Les économistes considèrent en effet que les objectifs budgétaires fixés à Madrid sont irréalistes compte tenu du niveau des déficits en Allemagne, en Italie, en France et au Portugal. Il faudra donc bien faire évoluer le Pacte de stabilité et de croissance, sauf à imposer aux trois premières économies de la zone des pénalités, ce qui semble peu crédible. Quant à l'optimisme sur la croissance, l'Eurogroupe en fait également peut-être un peu trop. Les mauvais chiffres de ce matin concernant l'économie française viennent le rappeler durement. La confiance dans la hausse de l'euro doit être balancée par le fait qu'une hausse de 10% de la monnaie commune coûterait 0,5 point de croissance à une zone euro dont la croissance n'a été que de 0,3% au premier trimestre. Un effet simplement limité "au court terme", selon les douze. Mais la perte de croissance sera pourtant bien réelle.En ce qui concerne les taux d'intérêt faibles, enfin, Wim Duisenberg ne perd pas une occasion de mettre en garde contre le risque d'inflation. Déjà, les taux effectifs ont remonté pour prendre en considération un relèvement des taux de la BCE qui finira bien par se produire un jour ou l'autre. Le tableau dressé par l'Eurogroupe peut donc sembler assez éloigné de la réalité...
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