La Fed laisse ses taux inchangés

Pas de surprise, une nouvelle fois. La Réserve fédérale américaine n'a pas modifié ses taux directeurs après la réunion de politique monétaire (FOMC) de mercredi soir. Le principal taux de refinancement à court terme reste donc à son niveau de 1,75%, le plus bas depuis 40 ans. Une enquête réalisée par Reuters montrait que les 22 économistes interrogés s'attendaient à ce statu quo. Dans un bref communiqué, qui ne fait aucune allusion aux événements boursiers de la journée, le comité de la Fed souligne que, si l'activité économique est toujours en phase de croissance, la stimulation résultant de la demande finale "semble avoir ralenti". La Réserve fédérale s'attend à ce que la demande se renforce dans les trimestres à venir, "en raison notamment d'une croissance sous-jacente robuste de la productivité", mais le niveau de ce renforcement demeure "incertain".Comme le reflète la prudence de cette analyse, la banque centrale américaine ne pouvait raisonnablement pas durcir sa politique monétaire alors que la reprise américaine est clairement en danger depuis un mois. Plusieurs indicateurs ont en effet montré que le moral des ménages et la consommation fléchissaient sensiblement. Encore mardi, l'indice de confiance des ménages calculé par le Conference Board a connu sa plus forte chute depuis le 11 septembre avec un recul de 3,9 points à 106,4 en juin. Certes, le niveau de confiance reste élevé, mais on assiste indéniablement à une correction sur le front de la consommation qui pourrait se prolonger en raison des menaces persistantes d'attentats, de la faiblesse du marché de l'emploi et de l'écroulement des places financières. A cet égard, les questions posées par le scandale WorldCom, intervenant quelque mois après l'effondrement d'Enron, ne vont pas contribuer à rasséréner les consommateurs américains. Ce retour à la prudence des consommateurs met donc la Fed dans le doute quant à la persistance de la reprise américaine. Car une fois le "moteur consommation" en panne, l'économie américaine ne pourra compter que sur un possible retour de l'investissement. Certains signes sont positifs sur ce plan (lire ci-contre l'article sur les commandes de biens durables), mais ils restent insuffisants. D'autant que le manque de confiance vis-à-vis des entreprises risque de rendre problématique le financement de ces investissements. La Fed ne pouvait donc pas rendre encore plus difficile les financements des sociétés américaines.De plus, il n'y avait aucune urgence à un relèvement des taux aujourd'hui dans la mesure où il n'existe aucun risque d'inflation, bien au contraire. Dans une étude publiée ce matin, la Fed indiquait même que la menace était désormais plutôt la déflation. Et les membres du FOMC ne cachent pas qu'ils préféreraient un peu d'inflation à une inflation zéro. La priorité de la Fed n'est donc pas actuellement la lutte contre l'inflation, même si son "biais" reste "neutre". Le consensus des économistes estime désormais que le relèvement des taux de la Fed n'interviendra pas avant le mois de novembre, lorsque le danger de "double dip" sera définitivement écarté et que la reprise de l'investissement sera confirmée. Il n'est cependant pas certain que ce scénario se réalise.
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