"L'Europe affectée par une chute trop rapide du dollar"

"La Tribune". En quoi une chute rapide du dollar (de plus de 20 % par rapport au niveau actuel) constituerait-elle un scénario noir ?Jean-Pierre Petit. Pour les Etats-Unis, cela signifierait une montée des primes de risques sur les actifs détenus par les étrangers et une sensible hausse des taux. Pour le reste du monde, cela constituerait un puissant choc déflationniste, avec une forte dégradation de la compétitivité industrielle et des pertes patrimoniales sur les actifs. Les non-résidents détenaient l'an dernier environ 11 % des actions américaines, 30 % du marché de la dette privée cotée et 36 % de la dette publique.Quelles conséquences sur les marchés actions américain et européen ?- Sur les trente dernières années, les périodes de dollar faible sont plutôt associées à des périodes de faibles performances de la Bourse américaine (à l'exception de 1985-1988 et 1998). Quant au marché européen, il est négativement affecté (en termes absolus) en raison de sa sensibilité à la Bourse américaine, mais aussi du fait d'un effet conversion et compétitivité des valeurs européennes. En termes relatifs, l'impact d'une baisse modérée et graduelle du dollar peut lui être favorable, via de moindres hausses de taux et un effet-flux (entrées nettes de non-résidents) en raison d'une surperformance (plus que probable) du marché européen en monnaie commune.Les autorités ont-elles les moyens d'enrayer ce processus ?- L'expérience montre que les interventions des banques centrales sont efficaces lorsqu'elles sont concertées, massives, transparentes ainsi que cohérentes avec les fondamentaux et les décisions de politique économique. Les Etats-Unis, après avoir montré une indifférence bienveillante à l'égard de la faiblesse du dollar depuis février, semblent désormais soucieux d'enrayer un repli trop rapide de leur devise, surtout vis-à-vis du yen. En témoigne la probable intervention de la Fed sur le marché des changes vendredi. En cas d'échec, les conséquences peuvent être redoutables. L'une des causes du krach d'octobre 1987 résidait dans la sanction par les marchés du manque de crédibilité des accords du Louvre de février (dont l'objet était précisément d'éviter une baisse trop forte du dollar).
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