Vivendi déprécie 11 milliards d'euros, l'action perd 25%

Alors que les informations circulant depuis le début de la semaine évoquaient des dépréciations d'actifs de cinq, voire dix milliards d'euros, la nouvelle direction de Vivendi Universal a décidé d'aller encore plus loin. VU a finalement provisionné 3,4 milliards d'euros et déprécié 11 milliards d'euros d'actifs. Onze milliards qui se décomposent en 3,8 milliards pour le groupe Canal+, 3,5 milliards pour les activités dans la musique, 2,6 milliards pour Vivendi Universal Entertainment (USA Networks essentiellement) et 1,1 milliard pour les activités télécoms et Internet.Le groupe affiche donc au total une perte nette de 12,3 milliards au premier semestre. Avant éléments exceptionnels et survaleurs, la perte nette ne s'élève qu'à 66 millions, pour un chiffre d'affaires de 29,99 milliards, en hausse de 13,4% (lire les détails ci-contre). Le résultat d'exploitation progresse de 8% à 2,4 milliards d'euros. Y compris Vivendi Environnement, la dette du groupe s'élève à 35 milliards d'euros au 30 juin, contre quelque 37 milliards au 31 décembre 2001. VU affirme par ailleurs disposer pour l'instant de 1,6 milliard de liquidités et de facilités de crédit. Mais ne cache pas qu'il y a urgence à réduire la dette. Le groupe espère donc céder pour au moins 10 milliards d'euros d'actifs dans les deux ans, dont 5 milliards dans les neuf prochains mois. Jean-René Fourtou, le nouveau PDG, qui passait mercredi son premier examen de passage devant les investisseurs, veut "réduire les foyers de perte" du groupe et "renforcer la capacité des activités à générer des liquidités sur une base de continuité d'exploitation". Les foyers de perte à réduire concernent "principalement, les activités internationales de Groupe Canal+, les activités internet et le niveau très élevé des frais généraux du siège", a précisé le PDG. Mais le premier actif à vendre est l'éditeur scolaire américain Houghton Mifflin, racheté en juin 2001 pour 1,7 milliard de dollars, plus 500 millions de reprises de dettes. Le groupe précise avoir déjà reçu plusieurs offres et n'exclut pas de réaliser une plus-value au terme de l'opération. Mais ce programme de cession n'a pas suffi à rassurer. D'autant que l'agence de notation Standard and Poor's a décidé d'abaisser la note à long terme de Vivendi Universal de deux crans à BB, soit dans la catégorie "junk bond" (obligation pourrie), contre BBB- précédemment. La note à court terme a aussi été dégradée dans la catégorie d'investissement spéculatif à B, contre A-3 précédemment. S&P a prévenu que si le groupe ne parvient pas à assurer de nouvelles lignes de crédit d'ici un mois ou ne montre pas de "net progrès" dans cette direction, la note sera abaissée "bien au-dessous" de la catégorie BB. Une opinion que partage Moody's : l'agence a ramené son opinion sur la dette à long terme à B1 contre Ba1, en soulignant les problèmes de liquidité et les risques liés aux restructurations. Jean-René Fourtou, qui a par ailleurs nommé un nouveau directeur général, en la personne de Jean-Bernard Lévy, 47 ans, pour succéder à Eric Licoys, a ainsi vu ses engagements d'assainissement financiers occultés par la décision de S&P, puis par celle de Moody's. D'autant qu'avec son équipe, il a laissé sur leur faim les analystes financiers participant à la conférence téléphonique organisée dans l'après-midi. En Bourse, après avoir été suspendue de cotation dans l'attente des résultats, l'action a accéléré sa baisse au fil de l'après-midi. Réservée à la baisse pendant quelques minutes, elle a finalement terminé en recul de 25,22% à 11,89 euros, après être tombée jusqu'à 11,60 euros. Des niveaux jamais atteints depuis 1988. Analystes et gérants n'ont pas caché leur déception et leur frustration, critiquant le manque de transparence de l'équipe Fourtou. "Ils ont été peu diserts sur un certain de nombre de choses", a résumé un gérant interrogé par Reuters. "On voit mal comment ils vont pouvoir vendre cinq milliards d'actifs en neuf mois à des prix raisonnables". Jean-René Fourtou a promis de détailler sa stratégie lors du conseil d'administration du 25 septembre prochain. Mais il pourrait être contraint de communiquer plus tôt que prévu si les investisseurs, fonds spéculatifs en tête, continuent à sanctionner le titre.Dès mercredi soir, VU a d'ailleurs publié un nouveau communiqué pour faire le point sur ses besoins de refinancement, l'un des points les plus préoccupants : ceux-ci devraient atteindre 5,6 milliards d'euros pour la période courant de juillet 2002 à fin mars 2003, et à 2,4 milliards pour les derniers mois de 2002. "Ces besoins seront couverts par la ligne d'un milliard actuellement consentie ; celle-ci devant être portée à 3 milliards avant fin septembre 2002", a indiqué VU. Décidément, l'échéance de la fin septembre sera décisive.
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