Nouvel ultimatum de George Bush à l'Irak

George W. Bush a haussé le ton, hier soir, contre l'Irak, et précisé les conditions qu'il entend poser au régime de Saddam Hussein. Si ces conditions sont respectées, alors une action militaire ne sera peut-être pas nécessaire, a précisé le président américain, qui n'a évidemment pas exclu pour autant une telle intervention.Intervenant dans le cadre d'un discours prononcé à Cincinnati, George Bush a réaffirmé que le régime irakien a repris ses efforts pour se doter d'une arme nucléaire. En outre, a-t-il affirmé, Bagdad abrite des terroristes et des armes de destruction massive. Dès lors, l'enjeu est clair : soit l'Irak renonce volontairement à son arsenal, soit les Etats-Unis et leurs alliés s'en chargeront. "Le temps de nier, d'esquiver et de retarder est fini. Saddam Hussein doit désarmer ou, pour le bien de la paix, nous mènerons une coalition pour le désarmer", a ainsi lancé le président des Etats-Unis. George Bush a voulu expliciter l'attitude des Etats-Unis envers l'Irak. Les attentats du 11 septembre 2001, a-t-il affirmé, sont à l'origine de la résolution des Etats-Unis "de faire face à toute menace, de quelque source qu'elle provienne, qui pourrait infliger la terreur et la souffrance à l'Amérique". Or, estime le président, l'Irak pourrait fournir à tout moment à des terroristes des armes biologiques ou chimiques pour attaquer les Etats-Unis.Dès lors, et même si "il y a beaucoup de dangers dans le monde, celui de l'Irak se détache car il réunit les plus graves menaces de notre temps en un seul endroit. Par ses actions passées et présentes, par ses capacités technologiques, par la nature sans pitié de son régime, l'Irak est unique", a affirmé George W. Bush. Pour supprimer cette menace, le président américain a renouvelé son appel à l'adoption par les Nations Unies d'une nouvelle résolution "fixant des demandes fermes et immédiates", notamment sur le plan des inspections, pour trouver et détruire les armes de destruction massives irakiennes. Plus précisément, George W. Bush exige que les inspecteurs de l'ONU aient accès à "tous les sites, à n'importe quel moment, sans autorisation préalable, sans délai et sans exception". En outre, les témoins irakiens du programme de réarmement de Bagdad devront pouvoir être interrogés en dehors du pays en emmenant avec eux leur famille "pour les soustraire aux menaces de terreur et de meurtre de Saddam Hussein". Autre menace précise émise par le président américain : si Saddam Hussein, au bord du gouffre, voulait prendre des mesures désespérées, les généraux irakiens qui lui obéiraient seraient alors jugés pour crimes de guerre. Pour le président Bush, la prochain étape est le vote par le Congrès américain de l'autorisation d'attaquer Bagdad si nécessaire. "Les membres du Congrès s'apprêtent à un vote historique et je suis sûr qu'ils sauront considérer les faits et faire leur devoir", a-t-il déclaré, tout en précisant qu'un tel vote "ne signifie pas qu'une action militaire soit imminente ou inévitable". Viendra ensuite l'étape du Conseil de sécurité de l'ONU, pour laquelle les différences d'opinion entre membres permanents du Conseil de sécurité doivent être résolues. Mais selon le département d'Etat américain, des "convergences" apparaissent, notamment pour considérer "que le Conseil de sécurité doit se saisir de cela et spécifier quelles sont les règles pour les inspections et pour que l'Irak se conforme aux résolutions de l'ONU, et pour qu'il y ait des conséquences" si Bagdad ne s'y conforme pas. "Au niveau des concepts les choses commencent à s'assembler", a assuré le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher, tout en reconnaissant "qu'il y a encore beaucoup de travail à faire" pour parvenir à un texte qui recueille l'aval du Conseil. Une résolution de l'ONU, pour être adoptée, doit réunir les voix d'au moins neuf pays sur quinze, et ne rencontrer d'opposition d'aucun des cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France). Cet après-midi à Paris, les députés ont participé à un débat sur l'Irak. Jean-Pierre Raffarin a rappelé la volonté de la France de laisser le Conseil de sécurité de l'ONU déterminer "les mesures à prendre en cas de manquement irakien, sans exclure aucune option". Le Premier ministre s'est empresé d'ajouter qu'il ne fallait "considérer le recours à la force" contre l'Irak "que comme un dernier recours, lorsque tout a été tenté pour résoudre la situation par la voie diplomatique". Revenant sur le différend qui oppose la France, la Russie et la Chine aux Etats-Unis quant à la nécessité ou non de faire adopter par l'ONU une nouvelle résolution avant un éventuel retour des inspecteurs en Irak, Jean-Pierre Raffarin s'est voulu conciliant. Soulignant qu'il trouvait suffisante la résolution 1284 qui a "fixé des dispositions complémentaires sur la conduite des inspections et sur la séquence devant mener à l'allégement des sanctions contre l'Irak", il a néanmoins ajouté que la France était prête à "l'adoption d'une nouvelle résolution si cela paraît nécessaire pour apporter les précisions et les compléments utiles pour assurer l'efficacité des inspections, voire pour en fixer les échéances". Pour le Premier ministre, "l'essentiel" est "que le message soit d'une extrême clarté: le Conseil de sécurité est uni et déterminé pour obtenir le retour très rapide des inspecteurs et l'élimination des armes de destruction massive".Jean-Pierre Raffarin, qui a dit regretter "la vision simpliste" des Etats-Unis sur l'opposition entre le bien et le mal, a aussi souligné que la tension "ne s'arrête pas au seul cas de l'Irak", citant également "la question de la paix entre Israël et les Palestiniens". "Le message adressé par le Conseil de sécurité (de l'ONU), lorsqu'il a adopté le mois dernier la résolution 1435 prescrivant la levée du siège de l'Autorité palestinienne est important", a affirmé le Premier ministre devant les députés. "Là aussi, les résolutions du Conseil de sécurité doivent être respectées", a-t-il conclu.
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