Le débarqueur débarqué ?

Il va y avoir du sport. Loin de l'atmosphère compassée dans laquelle se déroulent traditionnellement les assemblées d'actionnaires, celle de Vivendi Universal, mercredi après-midi, s'annonce explosive. Primo, les petits porteurs (les grands investisseurs aussi) ont de quoi être mécontents: avec un cours en chute de 35% depuis le début de l'année, c'est le moins bon élève du CAC 40, en recul de 46% en un an. Certes, il y a pire, insiste-t-on chez Vivendi. France Télécom, par exemple, a perdu 70%. Maigre consolation. Et dans un tel contexte, les associations de minoritaires ne manqueront pas de manifester leur indignation face à l'attribution de stock-options bon marché aux dirigeants. Secundo, après le débarquement de Pierre Lescure, les salariés de Canal Plus sont bien décidés à mettre le feu à l'AG et promettent d'y faire régner une ambiance insurrectionnelle. De son côté, Vivendi affirme baigner dans la sérénité... puisqu'il ne laissera rentrer aucun trublion non actionnaire dans la salle du Zénith qui sera pleine à craquer. Pas question de venir troubler le one man show de Messier. Mais la manifestation prévue devant l'entrée de la salle risque de faire un peu désordre. Tertio, J2M va-t-il oser trancher l'imbroglio Vivendi Environnement, sa filiale de services aux collectivités, et annoncer une cession, même partielle ? La vache à lait est trop précieuse pour s'en séparer, implorent les investisseurs, ce joyau doit rester français, martèlent en choeur tous les politiques. Car l'infatigable patron de VU a réalisé la prouesse de se mettre à dos l'ensemble de la classe politique, qui a trouvé un objet de détestation commun idéal en pleine campagne présidentielle. Sans compter les grincements de dents de certains grands patrons, horripilés par son omniprésence médiatique. Jean-Marie Messier joue gros cette semaine : saura-t-il briller, au Zénith, mercredi après-midi et retourner, avec l'habileté que tous les observateurs lui reconnaissent, la situation à son avantage ? Ou risque-t-il de faire les frais de ce putsch annoncé ? Le débarqueur débarqué ? Le capitalisme à la française n'est pas très coutumier de ce genre de révolution de palais. Messier va-t-il payer la gestion à l'américaine de Messier ?
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