Bruxelles continue de monter la garde sur les déficits

Commission européenne et gouvernements continuent leur bras de fer autour des baisses d'impôts. Dans une interview au Financial Times Deutschland, le commissaire européen aux Affaires économiques Pedro Solbes a une nouvelle fois mis en garde le gouvernement de Gerhard Schröder. "Les ministres des Finances ont très clairement demandé à l'Allemagne de ramener son déficit sous la barre des 3% du PIB", a-t-il rappelé. Avant de menacer : "si l'Allemagne dépasse cette limite dans l'année à venir (2004, ndlr), nous ferions une nouvelle recommandation au conseil des ministres des Finances. Nous en avons le devoir".La déclaration de Pedro Solbes sous-entend que la Commission pourrait engager une procédure contre Berlin visant in fine à frapper l'Allemagne d'une amende. Cette procédure pourrait être engagée dès cet automne, si les prévisions de déficit de la Commission ne sont pas favorables. Or, il est peu probable que le gouvernement allemand tienne son engagement de revenir à un déficit inférieur à 3% en 2004. Les baisses d'impôts annoncées cet été par le chancelier Schröder vont en effet coûter plus de 15 milliards d'euros à l'Etat fédéral. Mais les rentrées, elles, risquent d'être encore en berne. Rares sont en effet les économistes à espérer, comme le gouvernement, une croissance du PIB de 2% pour l'an prochain. La fourchette se situerait plutôt entre 1 et 1,5%, après une année 2003 où la croissance devrait être proche de zéro. La Bundesbank a d'ailleurs confirmé dans une étude publiée ce matin "qu'en l'absence d'un financement supplémentaire, le pays risque d'enfreindre le seuil des 3%" du PIB inscrit dans le pacte de stabilité. Dans ces conditions, il y a fort à parier qu'un nouveau bras de fer s'engage dès cet automne entre Berlin et Bruxelles.Un bras de fer auquel pourrait bien se joindre Paris. Le gouvernement Raffarin n'a en effet pas renoncé à ses baisses d'impôts. Le Premier ministre avait annoncé le 3 août une baisse de "1% sans doute et peut-être plus" de l'impôt sur le revenu (IR) en 2004. L'objectif a été réaffirmé par le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, lundi matin, sur RTL. Ce dernier a réaffirmé que "l'arbitrage sur les baisses d'impôts sera rendu dans quelques jours". Il a par ailleurs précisé la démarche gouvernementale sur le sujet : d'abord réduire les dépenses et "en même temps" baisser les prélèvements. Puis, baisser "progressivement" les déficits. Une priorité qui ne semble pas celle de Bruxelles. Une porte-parole de la Commission n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler lundi que "la philosophie générale des propos de Pedro Solbes peut évidemment être appliquée à la France".
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