Les choses n'auront pas traîné. Pendant que câble français se débat pour trouver de l'argent frais et survivre, alors que la télévision numérique terrestre (TNT) fait du surplace, l'ADSL devient un moyen de diffusion de programmes de télévision. Si la possibilité technologique existait, elle était généralement jugée prometteuse mais pas tout à fait au point au vu des quelques expérimentations menées en France. A croire qu'il lui manquait de bonnes fées au-dessus de son berceau. C'est désormais chose faite. France Télécom et le bouquet de chaînes satellites contrôlé par TF1 annoncent le lancement d'une offre commerciale à Lyon dès décembre et à Paris au printemps. Un téléviseur, un décodeur-modem, un accès ADSL et un abonnement à TPS et la ligne téléphonique véhiculera bientôt la télévision. Les intérêts bien compris des deux alliés veulent avoir raison des différents obstacles que leur prédisaient nombre de sceptiques. Plusieurs acteurs des médias comme France Télévision ou Lagardère avaient notamment souligné qu'en l'état, le débit moyen disponible ne permettait pas de diffuser des programmes avec une qualité suffisante. Thierry Breton, le patron de France Télécom, tout à sa volonté de développer le haut débit et de redonner des couleurs à son parc de lignes fixes en déclin, ne veut pas laisser passer le train. La TV sur ADSL, il y croit et assure-t-il, depuis longtemps. Patrick Le Lay, son homologue de TF1, tout à son ardent désir de torpiller la TNT, a opportunément changé de cheval en choisissant l'opérateur historique comme allié, après avoir fait expérimentation commune avec l'alternatif LD Com. Dans ces conditions, il est difficile de ne pas noter que les pouvoirs publics affichent plus qu'une neutralité bienveillante. Au début de cette année, le ministre de l'Economie Francis Mer avait réuni autour de lui plusieurs industriels français du secteur high tech et la TV sur ADSL figurait en bonne place dans le menu des discussions. TF1 et France Télécom certes, mais aussi Alcatel, le leader mondial des équipements ADSL, ou encore Sagem et surtout Thomson, comme fournisseur de décodeurs-modem, n'en avaient dit que du bien. Ce noyau est donc prêt à passer à l'action. Il apparaît probable que des chaînes de télévision ne peuvent que favoriser le développement de l'ADSL. L'intérêt de l'Internet à haut débit dans les foyers se borne en effet aujourd'hui au confort de la navigation et au téléchargement gratuit de fichiers audiovisuels. Pour autant, le coût de la TV sur ADSL n'a pour l'heure guère été discuté sur des bases fiables et les centaines de millions d'euros déjà dépensés dans la TNT, sans même parler du câble, peuvent laisser songeur sur les débauches de moyens pour aboutir à des technologies concurrentes.

latribune.fr

20 Oct 2008, 0:41

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