Alstom, les banques responsables ou coupables ?

La vocation des banques est de prêter, une activité généralement très rémunératrice. Parfois, il arrive qu'elles fassent le mauvais choix, que leur client fasse défaut et qu'elles perdent leur mise. Pour elles, le tout est donc que les clients en bonne santé soient plus nombreux que les comptes défaillants. Cela, c'est la théorie. Mais l'exemple d'Alstom, après celui de France Télécom, tendrait à prouver qu'il y a parfois loin de la théorie à la pratique. Lorsque leurs intérêts sonnants et trébuchants sont en cause, les banques françaises, qui représentent, rappelons-le, des intérêts privés, n'hésitent pas à se tourner vers l'Etat. On peut à la limite le comprendre s'agissant de l'opérateur de télécommunications, qui, malgré l'ouverture de son capital, reste une entreprise publique. Le cas Alstom surprend plus. On pourra certes longuement disserter sur les enjeux de la filière nucléaire française. Mais le groupe en question fabrique aussi des bateaux de croisière et des TGV, deux types de biens dont l'intérêt stratégique ne saute pas spontanément aux yeux. On pourra tout aussi longuement évoquer les conséquences sociales d'une faillite de cet ex-fleuron de notre industrie et de notre technologie nationales. Il n'empêche, voir l'Etat renationaliser partiellement une telle entreprise pour sauver leur mise aux banques ne cesse d'étonner, et pas uniquement à Bruxelles. Quant à l'argument du risque systémique brandi par les mêmes banques, il ne peut qu'inquiéter. Le système bancaire français est-il si fragile qu'il ne puisse supporter une faillite à 15 milliards d'euros ? Sachant que les actifs d'Alstom, quelles que soient les difficultés du groupe, ont encore une petite valeur et que le nombre de banques impliquées (pas uniquement françaises d'ailleurs) aurait sans doute permis d'amortir le choc. Aujourd'hui, on comprend mieux pourquoi nos banques parviennent aussi bien à maîtriser leur coût du risque si, en vertu de la jurisprudence Alstom, l'Etat décide d'intervenir au moindre pépin. A la décharge des banques, on peut cependant noter que si elles n'avaient pas été là, il y a belle lurette qu'Alstom aurait déjà dû mette la clé sous la porte. A moins que nos banquiers n'aient rien vu venir. Ce qui n'est pas moins inquiétant !
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