L'Etat passe à la caisse

Le psychodrame de la fin de semaine dernière s'est donc soldé par un feu vert de Bruxelles. Au grand soulagement de l'entreprise, de l'Etat et des banques, Alstom voit s'éloigner le spectre du dépôt de bilan. Et les banques, celui du risque systémique, menace brandie au cours de l'été et qui avait conduit les pouvoirs publics à s'investir dans le sauvetage du groupe de construction ferroviaire (notre fameux TGV), de matériel énergétique (nos centrales nucléaires) et de construction navale (nos paquebots). Pour les banques, cette deuxième mouture du plan constitue évidemment un soulagement, à moindre frais d'ailleurs. Car si les modifications apportées pour répondre aux critères fixés par l'Europe ont porté le montant total de la facture à 3,2 milliards d'euros contre 2,8 milliards précédemment, c'est bien l'Etat qui supporte l'essentiel de la charge supplémentaire. Prêt, en août, à injecter 500 millions pour permettre à Alstom de maintenir la tête hors de l'eau, il a cette fois accepté de financer au total 800 millions. La "charge" des banques ne s'est, elle, alourdie que de 100 millions. Ce n'est pas le moindre paradoxe de voir l'intervention énergique du commissaire Monti se solder par une aide accrue de l'Etat français à Alstom...Lequel Etat redécouvre d'ailleurs à cette occasion les charmes de la Caisse des dépôts et consignations. Certes, cette vénérable institution est riche et a, à de nombreuses reprises, été le bras séculier de l'Etat dans ce genre d'affaires. La trésorerie d'Alstom étant exangue, les pouvoirs publics ont décidé de lui donner un petit coup de main en émettant des billets de trésorerie. De 300 millions dans un premier temps, de 900 dans un second. Et c'est la Caisse qui va émettre ces instruments financiers et ainsi aider Alstom à hauteur de 1,2 milliard d'euros (environ 8 milliards de francs tout de même!). Il ne reste plus à espérer pour la Caisse qu'Alstom parvienne à mettre sur pied son plan de redressement et, surtout, qu'il soit couronné de succès. On sait aussi que le gouvernement souhaite que la Caisse des dépôts se désengage peu à peu des activités concurrentielles et en abandonne le contrôle majoritaire, notamment en cédant Eulia aux Caisses d'épargne. Ceux qui le regrettent pourront toujours se consoler en constatant qu'en assurant les fins de mois de groupes comme Alstom, la Caisse gardera toujours un pied dans le privé.
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