Envolée des bénéfices des banques d'affaires américaines

Le redressement de l'économie américaine est amorcé, Wall Street a retrouvé le sourire depuis le début de l'année et les professionnels des marchés en profitent : si l'on en doutait encore, il suffirait de regarder la brassée de résultats annoncés aujourd'hui par quelques grands noms de la finance américaine. Portés par l'activité des marchés obligataires et le début de reprise des activités actions, les bénéfices des firmes de Wall Street affichent des performances impressionnantes au titre du troisième trimestre 2003 (à fin août).La palme revient à la banque d'affaires Lehman Brothers, dont le bénéfice net s'est envolé, passant de 194 millions de dollars au troisième trimestre 2002 à 480 millions de dollars cette année. Soit une hausse de 147%. Une performance qui dépasse de très loin les attentes des analystes. Le bénéfice par action s'est en effet établi à 1,81 dollar, contre 70 cents un an plus tôt, et 1,35 dollar prévu par le consensus établi par l'agence First Call. Selon Lehman, c'est la forte demande pour les produits obligataires qui explique largement ces bons résultats. La banque, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 74% sur un an, souligne qu'elle a également bénéficié d'une reprise de ses activités de banque d'affaires.Chez Morgan Stanley, le bénéfice a plus que doublé sur le trimestre, s'établissant à 1,27 milliard de dollars contre 611 millions de dollars au troisième trimestre 2002. Le bénéfice par action est passé de 55 cents à 1,15 dollar. Là encore, les attentes des analystes ont été largement dépassées, puisque ces derniers envisageaient un résultat par action de 69 cents.Mettant en avant les mêmes facteurs explicatifs pour cette amélioration des résultats, Morgan Stanley souligne également l'effort mené en matière de rémunération du personnel, qui s'est traduit par une économie de 519 millions de dollars.Par comparaison avec ses deux consoeurs, Goldman Sachs ferait presque pitié : son bénéfice net n'a augmenté sur le trimestre que de 30%, à 677 millions de dollars. Le bénéfice par action est ressorti à 1,32 dollar, contre 1 dollar un an plus tôt. La banque n'en a pas moins fait, elle aussi, nettement mieux qu'attendu, le consensus s'établissant à 1,22 dollar. Le produit net bancaire de Goldman n'a augmenté que de façon modérée sur un an, soit +4% à 3,793 milliards de dollars. Mais ce chiffre s'est établi en repli par rapport aux 3,99 milliards du deuxième trimestre 2003.L'établissement a en effet souffert d'une chute de 48% de ses opérations sur obligations, devises et matières premières, chute compensée par une forte augmentation des opérations pour compte propre.Ces résultats brillants enregistrés au troisième trimestre ne peuvent dissimuler une inquiétude : ils ont été portés par les marchés obligataires. La chute historique des taux d'intérêt menée par la Réserve fédérale a suscité une activité intense sur les produits obligataires, mais cela ne saurait durer. Les taux sont désormais vraisemblablement à leur plancher et l'activité obligataire commence déjà à retomber. Pour les banques d'affaires américaines, la question est donc désormais de savoir si les activités "actions" et fusions-acquisitions vont se développer suffisamment vite pour prendre le relais de cette source de revenus.
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