Pour le déficit à moins de 3% du PIB, demandez le miracle !

Soyons juste : si les objectifs sont affichés avec force détermination, le scepticisme qu'ils inspirent n'est pas balayé d'un revers de main par le gouvernement. Tout nouveau ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Nicolas Sarkozy a volontiers reconnu que sa tâche s'apparente à la "quadrature du cercle". De son côté, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a admis hier dans son discours de politique générale que seul "le retour de la croissance (...) permettra de maîtriser (les) déficits excessifs et de les réduire sous la limite des 3%".Cette lucidité est la bienvenue.Le déficit public a atteint 4,1% du PIB en 2003, malgré un effort réel de maîtrise des dépenses publiques - incarné par le dogme imposé par l'ancien ministre du budget Alain Lambert selon lequel "pas un euro de plus" que prévu ne serait dépensé.Or, cette vertu risque désormais de voler en éclat. Outre le geste attendu envers les chercheurs et la révision dans un sens plus généreux du sort réservé aux chômeurs en fin de droits, l'allègement des charges promis aux restaurateurs coûtera 1,5 milliard d'euros et la suppression de la taxe professionnelle au moins 2,5 milliards.Si l'on ajoute les baisses d'impôts promises ou une éventuelle "rallonge" en faveur des intermittents, on voit mal d'où peuvent venir les quelque 20 milliards d'euros d'économies nécessaires pour ramener le déficit public à moins de 3% du PIB en 2005. Selon nos confrères du Monde (daté du mardi 6 avril), la direction du Budget elle-même table d'ores et déjà sur un déficit de 4,1% du PIB en 2004 (la prévision officielle est de 3,6%) et de 4% en 2005 (contre 2,9% promis à nos partenaires européens).Est-ce à dire que le retour à un déficit de moins de 3% l'an prochain est tout simplement impossible ? Disons plutôt qu'il nécessite une divine surprise, d'où viendrait un surcroît de recettes pour compenser le creusement des dépenses.Le gouvernement parie sur 1,7% de croissance cette année, 2,5% en 2005. La plupart des experts jugent le premier chiffre réaliste, le second atteignable. Schématiquement, on estime qu'un gain de 1% de croissance entraîne une progression proportionnelle, donc de l'ordre de 1%, des recettes fiscales, soit environ 7 milliards d'euros.A dépenses strictement équivalentes, 3% de croissance en deux ans auraient donc suffi à éponger 20 milliards d'euros de déficit. Mais c'est compter sans l'inertie dans la croissance des dépenses publiques, les nouvelles promesses du gouvernement, et le trou de plus en plus profond de la Sécu (pris en compte dans le calcul européen du déficit public). Autrement dit, seule une croissance nettement supérieure aux prévisions pourrait garantir la maîtrise promise du déficit. En d'autres termes, il faudrait un miracle économique.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.