Siemens confirme son intérêt pour Alstom et déçoit les marchés

A l'heure où le nom de Siemens est mentionné comme intervenant potentiel dans le cadre d'une prise de participation chez Alstom (lire ci-contre), groupe que son PDG a ce matin admis être "intéressant" (voir ci-dessous), Siemens connaît des difficultés. Malgré le doublement du bénéfice net du deuxième trimestre (janvier-mars) de son exercice, passé de 568 millions à 1,21 milliard d'euros, le groupe allemand a enregistré une baisse de 2% de son chiffre d'affaires trimestriel, à 17,79 milliards d'euros contre 18,23 milliards il y a un an. En conséquences, il estime "plus difficiles à atteindre" son objectif d'une croissance à deux chiffres de ses bénéfices pour l'exercice 2003/2004.D'autant que le bénéfice net du trimestre passé est gonflé par les recettes exceptionnelles liées à la cession de parts dans une ancienne filiale, le fabricant de semi-conducteurs Infineon, pour un bénéfice avant impôts de 590 millions d'euros. Un montant en partie compensé par des amortissements de survaleurs à hauteur de 433 millions d'euros liés à la division de logistique Dematic. Sans ces opérations exceptionnelles, le bénéfice net aurait été en hausse de 42% à 807 millions d'euros.Le PDG de Siemens, Heinrich von Pierer, se veut confiant. "Malgré les charges des systèmes de transport, nous collons à nos objectifs de profit pour l'ensemble de l'année, même s'ils seront plus difficile à atteindre. Nous maintenons la pression". Le marché l'est beaucoup moins: à la clôture de la Bourse de Francfort, l'action recule de 4,19% à 62 euros. Pour cause: les analystes avaient prévu une stabilité des ventes et une hausse du résultat d'exploitation à 1,216 milliard d'euros, contre 1,076 milliard effectivement réalisé. La forte progression des ventes de téléphones portables n'a donc pas suffi à porter le groupe. Pourtant, 12,8 millions de combinés ont été écoulés contre 8 millions l'an dernier à la même époque, entraînant une hausse des ventes de 26% à 1,243 milliard d'euros pour un résultat d'exploitation doublé, à 109 millions d'euros.Cette performance a en effet été anéantie par les résultats de la branche transport. Les travaux de réparation sur de nombreux wagons de tramways défectueux se sont élevés à 364 millions d'euros. Ils ont également retardé les ventes prévues. La branche enregistre donc une perte d'exploitation de 289 millions d'euros (contre un bénéfice de 64 millions il y a un an), une baisse de 8% de ses ventes et de 21% de ses commandes.Siemens pour des "champions européens"Le PDG de Siemens, Heinrich von Pierer, confirme son intérêt pour Alstom. En octobre, dans un entretien à La Tribune, il avait clairement fait savoir qu'il voyait une justification industrielle à un rapprochement avec le groupe. Et ce matin, dans une entrevue avec la télévision allemande N-TV, après avoir admis qu'Alstom était "intéressant", il a rapidement fait valoir l'idée "qu'il nous faut créer de solides champions européens". "Les Français viennent de nous en donner un exemple, à partir d'un socle français", a-t-il ajouté en référence à l'accord Sanofi-Aventis, qui donnera naissance au numéro trois mondial de son secteur. Cette réaffirmation de l'intérêt de Siemens pour Alstom intervient alors que La Tribune de ce matin révèle que le gouvernement français envisage d'inclure Siemens dans les évolutions envisagées du tour de table d'Alstom. Le PDG de Siemens a néanmoins affirmé ce matin dans un autre entretien à la chaîne CNBC ne pas être au courant de ce projet. "C'est nouveau pour moi", a-t-il souligné. Heinrich von Pierer a cependant affirmé que Jean-Pierre Raffarin lui "a parlé d'Alstom" lors d'un déjeuner organisé lundi dernier à l'occasion de la première réunion du Conseil stratégique de l'attractivité à Matignon. Pour le patron de Siemens, en tout cas, il est important que "les conditions de concurrence ne soient pas faussées" par les interventions de l'Etat en faveur d'Alstom. "On m'a raconté que lorsqu'on additionne tout, on parvient à un montant de 7 à 8 milliards d'euros" d'aides publiques, "ce n'est naturellement pas bon. Nous ne pouvons l'accepter et M. Monti (le commissaire européen à la Concurrence) ne peut pas non plus l'accepter", a-t-il affirmé.
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