Londres fait de nouvelles propositions pour le budget européen

Comme on s'y attendait depuis quelque jours, la Grande-Bretagne, qui préside l'Union européenne jusqu'à la fin du mois, a présenté aujourd'hui une batterie de nouvelles propositions pour tenter de sortir de l'impasse dans laquelle sont engagées les négociations sur le budget de l'UE pour la période 2007 à 2013. L'approche britannique consiste à jouer sur trois leviers: une petite diminution du "rabais" dont bénéficie la Grande-Bretagne dans ses versements au budget communautaire, une diminution globale des dépenses envisagées et une réduction des aides versées aux nouveaux membres de l'Union.Selon les nouvelles propositions formulées lundi en fin d'après-midi par Londres, la Grande-Bretagne accepterait enfin le principe d'une diminution du rabais dont elle bénéficie dans ses contributions au budget de l'Union. Ce rabais, arraché par Margaret Thatcher au terme de négociations épiques, est d'autant plus mal perçu par les autres membres de l'UE qu'il augmente avec l'enveloppe des dépenses globales de l'Union. D'où le demande de l'ensemble des partenaires de la Grande-Bretagne de voir celle-ci y renoncer, au moins en partie.Londres avait toujours refusé jusqu'ici de le faire, sauf en cas de réforme radicale de la politique agricole commune, qui constitue la principale source de dépenses de l'Union. Face au refus de plusieurs pays, la France en tête, de remettre en cause la PAC, Londres fait donc ce qui peut apparaître comme une concession de principe: le Royaume-Uni serait dorénavant prêt à diminuer d'environ 8 milliards d'euros sur la période 2007-2013 le rabais auquel il a droit selon le mécanisme actuel. Et cela sans réforme supplémentaire de la politique agricole commune.Londres ne peut cependant envisager une telle concession - qui risque d'être fort mal accueillie par la presse et l'opinion publique britanniques - sans contrepartie. En l'occurrence, le Royaume-Uni demande d'abord une diminution des projets de dépenses des Vingt-cinq. Selon ses nouvelles propositions, le budget de l'UE s'établirait à 846,7 milliards d'euros par an sur la période considérée, une somme correspondant à 1,03% du Produit intérieur brut des Vingt-cinq. Ce montant serait donc inférieur d'environ 25 milliards aux 871 milliards (1,06% du PIB) prévus jusqu'ici.En outre, la Grande-Bretagne souhaite diminuer de 7 à 8% les aides régionales prévues pour les nouveaux membres de l'Union. Londres fait ainsi un geste en direction des pays pauvres de l'Europe, à qui il suggérait ces derniers jours des coupes de l'ordre de 10%... Des projets qui avaient été on ne peut plus mal accueillis dans les capitales d'Europe de l'Est. La Grande-Bretagne va désormais devoir convaincre ses partenaires du bien-fondé de son nouveau projet, qui sera examiné mercredi par les ministres des Affaires étrangères de l'UE. Tony Blair recevra en outre de nombreux dirigeants européens dans les jours qui viennent. Reste que les choses sont mal parties...A peine ces propositions publiées lundi soir, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a affirmé qu'elles étaient "inacceptables en l'état". "La proposition n'est même pas réaliste si on considère l'Europe élargie que nous avons aujourd'hui, et l'Europe forte que nous voulons dans l'avenir. C'est un budget pour une mini-Europe", a-t-il lancé, avant de préciser qu'il fallait désormais travailler pour "trouver une proposition qui soit compatible avec les objectifs" de l'Union européenne.
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