Dégâts considérables dans le sud des Etats-Unis, le pétrole à 70 dollars le baril

Sans doute le pire a-t-il été évité: La Nouvelle-Orléans n'a pas été ravagée comme on pouvait le craindre. Mais au lendemain de l'arrivée du cyclone Katrina sur le sud des Etats-Unis, le bilan apparaît extrêmement lourd, avec des morts par dizaines, des dégâts considérables aux infrastructures et aux habitations, et une industrie pétrolière durement touchée.Si Katrina a désormais perdu de sa vigueur, redevenant une simple tempête tropicale en progressant à l'intérieur des terres, le cyclone a semé la désolation derrière lui. Selon un bilan officiel provisoire, il aurait causé au moins 54 décès. Mais des chiffres nettement plus élevés circulent. Dans l'Etat du Mississippi, l'effondrement d'un complexe d'appartements à Biloxi, sur la côte, aurait à lui seul tué une trentaine de personnes.Si le bilan humain de la catastrophe pourrait ainsi se révéler très lourd dans les heures qui viennent, il est d'ores et déjà certain que le bilan matériel sera colossal. Même s'il est beaucoup trop tôt pour avoir une vision précise de l'étendue des dégâts: pour l'heure, de vastes zones côtières du Mississippi, de la Louisiane et de l'Alabama sont sous l'eau et inaccessibles aux secours.A La Nouvelle-Orléans, où "quelques corps flottent sur les eaux", selon Ray Nagin, le maire de la ville, les dégâts sont considérables. Alors que des centaines de personnes se sont réfugiées sur les toits pour échapper à la montée des eaux, plus de vingt bâtiments se seraient effondrés.Sur la côte, des maisons ont été éventrées par des bateaux emportés à terre par le vent et les eaux. De nombreuses lignes électriques ont été mises hors d'usage et 300.000 personnes pour le seul sud de la Louisiane, sont sans électricité ni téléphone. Dans l'Etat du Mississippi, où 200.000 foyers sont sans électricité, les "dévastations prendront sans doute des proportions catastrophiques", a estimé Haley Barbour, le gouverneur du Mississipi.La vie économique est bien évidemment affectée, de très nombreuses entreprises ayant dû suspendre leurs activités. C'est le cas, par exemple, de l'usine Nissan de Canton, dans le Mississippi, qui a interrompu sa production.Les ravages n'ont pas épargné, bien entendu, l'industrie pétrolière. A Mobile, dans l'Alabama, une plate-forme pétrolière qui était en réparation dans les chantiers navals, a rompu ses amarres pour aller s'écraser contre un pont suspendu. Plus globalement, l'arrivée de Katrina a suscité la fermeture d'environ 711 puits et plates-formes pétrolières dans le Golfe du Mexique. Cette région assure à elle seule environ un quart de la production de fioul et d'essence des Etats-Unis.Dans ces conditions, le marché pétrolier demeure extrêmement tendu. Les cours avaient franchi pour la première fois la barre des 70 dollars le baril lundi matin dans l'attente du cyclone, mais étaient ensuite un peu retombés. Mardi matin, à Singapour, le "light sweet crude" cotait ainsi 68,45 dollars le baril. Un repli dû notamment au fait que le gouvernement américain s'est dit prêt à puiser dans les réserves stratégiques pour pallier à une éventuelle pénurie.Le marché n'en demeurait pas moins extrêmement nerveux en attendant d'y voir plus clair sur l'étendue des dégâts subis par les installations pétrolières du sud des Etats-Unis. "Il s'agit de la région la plus sensible pour l'approvisionnement en brut américain, le marché va donc sans aucun doute surveiller les conséquences", déclarait à l'AFP Mark Pervan, analyste à la Daiwa Securities à Melbourne (Australie). "S'il ressort que les dégâts ont été importants, en particulier aux raffineries, il pourrait y avoir une forte réaction des marchés", estimait Victor Shum, analyste chez Purvin and Gertz à Singapour. Et de fait: l'inquiétude reprend le dessus mardi. Dans la matinée aux Etats-Unis, le baril bondit fortement et établit un nouveau record historique à 70,85 dollars.Une lourde facture pour les assureursLe cyclone Katrina devrait constituer l'un des sinistres les plus coûteux jamais survenus aux Etats-Unis, selon les premières estimations. La facture pourrait s'élever entre 15 et 20 milliards de dollars (12,2 à 16,2 milliards d'euros) pour les assureurs, selon les prévisions du premier réassureur mondial Munich Re. Selon la firme américaine Eqecat, le coût devrait être compris entre 9 et 16 milliards de dollars. Katrina pourrait ainsi prendre place juste derrière le cyclone Andrew de 1992, qui avait coûté 20,9 milliards de dollars (après prise en compte de l'inflation). A titre de comparaison, les quatre cyclones survenus l'année dernière en Floride avaient suscité des pertes cumulées de 22,8 milliards. Selon l'agence de notation Fitch Ratings, Katrina devrait se révéler être l'événement le plus coûteux survenu depuis les attentats du 11 septembre.
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