Quitte ou double pour Executive Life

L'affaire Executive Life n'est pas avare en coups de théâtre. Elle en a réservé un nouveau, hier à Los Angeles, à l'ouverture du procès civil, ultime étape de cette procédure au long cours. En annonçant qu'elle était parvenue à un accord avec le Département des assurances de Californie, la société qui gère depuis 1995 les actifs compromis du Crédit Lyonnais a mis fin à un suspense qui durait depuis plusieurs jours. Les discussions "informelles" entretenues depuis quelques temps se sont transformées en véritables négociations dans les dernières heures. Avec une issue heureuse, mais un peu plus coûteuse que prévu. Il faut en effet que le CDR remette la main à la poche pour sortir de ce guêpier et la note finale que le contribuable devra régler devrait être très proche des 600 millions de dollars. C'est sensiblement plus que les 375 millions provisionnés à l'issue de la procédure pénale en décembre 2003. A l'époque, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'était engagé un peu vite en expliquant que la France ne paierait "pas un sou de plus". C'était faire peu de cas d'un système judiciaire américain où tout se résume souvent au montant du chèque. Ces 600 millions, s'ils représentent une somme élevée dans l'absolu sont bien évidemment plus supportables qu'une condamnation à plusieurs milliards comme le demandaient les autorités californiennes. L'avocat du Commissaire aux assurances, Gary Fontana, a tout de même bien mené sa barque, sachant qu'une telle procédure aurait probablement pu être réglée pour beaucoup moins cher, beaucoup plus tôt aussi. Mais voilà, Executive Life n'est pas une affaire comme les autres. Elle implique le Crédit Lyonnais et le nom de l'ancienne banque publique, dans certains cercles, sert toujours de repoussoir. Par ailleurs, il ne faut pas mésestimer les conséquences des divisions du camp français sur lesquelles a très bien su jouer la justice américaine, au pénal puis au civil. En attaquant le CDR et le groupe de François Pinault, le camp américain, peut-être sans le savoir au début, a opté pour la tactique la plus efficace. Il sera d'ailleurs intéressant de voir quelle va maintenant être l'attitude de François Pinault et d'Artémis si le CDR lève les dernières conditions à son accord de principe avec Gary Fontana et sort définitivement du procès. A l'automne 2003, un cas de figure similaire avait failli se produire au pénal mais, à l'époque, le CDR avait dû rentrer dans le rang et se plier à la discipline du fameux "accord global". Saura-t-il cette fois faire preuve d'indépendance jusqu'au bout ? La réponse appartient aux cercles les plus élevés du pouvoir qui voudront peut-être s'épargner une nouvelle polémique. Si tel est le cas, l'affaire Executive Life sera bien sûr encore une affaire d'Etat, mais uniquement pour les sommes colossales qu'elle coûte au contribuable. Mais si le CDR devait revenir en arrière et attendre qu'Artémis transige à son tour, l'affaire deviendrait alors scandale.
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