Le risque économique du terrorisme ne doit pas être sous-estimé

Le sang froid des marchés financiers, les propos rassurants de la plupart des experts économiques s'appuient sur deux constats. Le premier est que les précédentes vagues d'attentats à avoir frappé des métropoles occidentales, à New York et Washington en septembre 2001, à Madrid en mars 2004, n'ont eu aucune conséquence durable sur la croissance. Après 2,7% en 2004, elle sera de 3% en Espagne cette année, a calculé l'OCDE. Le PIB américain s'est contracté de 0,3% au troisième trimestre 2001, mais l'économie était entrée en récession six mois plus tôt. Elle en est, depuis, sortie de manière spectaculaire.Deuxième constat: si les attentats de Londres ont provoqué une souffrance incalculable, leur bilan s'annonce bien moins lourd que ceux de Madrid (près de 200 victimes et 2000 blessés) et bien sûr New York (près de 3000 victimes). Certains experts en matière de terrorisme, comme George Friedman, de Stratfor, y voient le signe que la "force de frappe" d'Al Qaïda aurait considérablement diminué.Bref, "nous avons appris que le terrorisme, aussi effroyable soit-il pour ses victimes, ne met pas à genoux les économies développées," résume Ed Yardeni, chef économiste de Oak Associates. Ou, dit plus brutalement, "les terroristes ont échoué," comme le confiait à La Tribune, voici quelques mois, Robert Hormats, vice-chairman de Goldman Sachs International, dans son bureau distant de quelques centaines de mètres à peine de l'esplanade où se trouvaient jusqu'au 11 septembre 2001 les tours du World Trade Center.Il y a pourtant plusieurs bonnes raisons de ne pas sous-estimer le risque économique du terrorisme. L'OCDE en a présenté une voici quelques jours à peine dans un rapport qui souligne "les importantes lacunes dans la couverture" du risque terroriste par les assurances et avertit que, pour cette raison, "l'impact économique et social d'une nouvelle attaque pourrait être plus important encore qu'en 2001".La deuxième raison est que le terrorisme à répétition finit par peser lourdement sur la croissance. C'est le cas en Israël, qui est aujourd'hui une véritable économie à deux vitesses: une partie "mondialisée", notamment dans la high-tech, qui évolue surtout au gré de la conjoncture internationale, et l'économie intérieure, très dépendante de l'intensité du conflit israëlo-palestinien, et sinistrée aujourd'hui. C'est le cas en Irlande du Nord, région qui demeure la plus pauvre du Royaume-Uni, ou encore en Colombie, dont le PIB par tête est inférieur à la moitié de la moyenne latino-américaine.Enfin, le calme des marchés financiers est pour le moins précaire. Le risque terroriste a encouragé le déplacement des capitaux vers des produits plus liquides. En cas de nouvelle attaque, la correction pourrait être d'une violence sans précédent.Si la plupart des agents économiques continuent à ignorer le scénario d'une attaque dévastatrice, ce n'est pas tant parce que celle-ci est inenvisageable que parce qu'ils ne savent tout simplement pas comment s'y préparer.
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