Rhodia sur la voie d'un difficile redressement

Quel avenir pour Rhodia? Alors que le groupe a enregistré une lourde perte sur le premier semestre 2005, Rhodia doit encore fournir des efforts pour achever son redressement. Mais le groupe semble plus proche du bout du tunnel qu'il n'y paraît de prime abord.En premier lieu, le groupe a mené à bien un plan de cessions de grande envergure, lancé depuis près de deux ans. Il a ainsi cédé pour plus de 800 millions d'euros d'actifs. Le groupe a vendu ses actifs de phosphates de spécialité, et tout récemment ses mastics silicones (voir ci-contre)."A présent, le plus dur est fait", confie même un analyste parisien à latribune.fr. En effet, le groupe doit encore se défaire de quelques foyers de pertes pour que l'ensemble de ses activités s'affichent dans le vert au niveau opérationnel.Ainsi, le groupe a annoncé qu'il allait se séparer de sa filiale de chimie pharmacie, Rhodia Pharma Solutions (RPS), division qui a affiché une marge d'Ebitda négatif au premier semestre 2005. "Le groupe va sans doute essayer de trouver un repreneur pour un euro symbolique pour cette activité ou alors il pourrait la restructurer et annoncer des fermetures de sites", explique un analyste.Autre point noir pour le chimiste: sa filiale de textile Nylstar qui est en passe d'être cédée au groupe italien Radici. "Sur ce domaine-là, le problème est presque réglé, même s'il faut rester vigilant", souligne un spécialiste du secteur. En tout état de cause, la cession de Nylstar devrait alléger les comptes de Rhodia puisque cette filiale a enregistré en 2004 une perte nette de 67 millions d'euros.Dans l'ensemble, l'horizon semble s'éclaircir. S'il garde encore quelques problèmes majeurs à régler, le groupe semble pourtant bel et bien sorti d'affaires au niveau opérationnel, puisque toutes ses autres divisions affichent une marge d'Ebitda de plus de 13%, ce qui est conforme aux objectifs du groupe. En outre des solutions vont être trouvées pour les filiales retardataires. Le groupe vise même un bénéfice net en 2006.Vers une recapitalisation?Reste un point fondamental à résoudre: l'équilibre financier du groupe, et donc sa recapitalisation. En effet, le groupe est pénalisé par une dette de 2,6 milliards d'euros, alors que ses fonds propres sont négatifs à hauteur de 685 millions. Du coup, le groupe devra en urgence trouver de nouveaux financements pour retrouver un équilibre financier. Ce qui pourrait passer par une augmentation de capital. Rhodia, pour sa part, avait certes indiqué en octobre 2004 qu'il serait en mesure de revenir dans le vert en 2006 sans pour autant faire appel au marché. Pourtant, sa situation financière laisse les analystes sceptiques. "En dépit de signes encourageants sur l'opérationnel, en particulier concernant la capacité du groupe à augmenter ses prix de vente et les premiers fruits des efforts de restructuration engagés, la situation financière de Rhodia demeure extrêmement tendue", estiment les analystes de Fideuram Wargny. Ainsi, "la société devra lancer une augmentation de capital dont l'impact serait forcément extrêmement dilutif", insiste un spécialiste des marchés financiers.Un appel au marché pourrait être d'autant plus indispensable pour Rhodia que celui-ci est encore menacé par une conjoncture économique difficile. Le chimiste devrait même agir avant qu'un retournement d'activité ou une crise macroéconomique ne viennent stopper net son redressement actuel. En effet, le prix du pétrole, auquel Rhodia est très sensible, demeure un facteur de risque important (voir ci-contre). Et même si le groupe a réussi à répercuter une partie de la hausse du prix du pétrole dans ses tarifs, une progression continue représente un véritable danger pour cette entreprise sensible à la conjoncture. Rhodia n'a d'ailleurs pas caché que la conjoncture était très difficile et que "les perspectives 2005 sont encore incertaines même si la dynamique de prix favorable constatée en 2004 se poursuit en début d'année"."Le groupe devra se recapitaliser au plus tard à horizon 2006", conclut un analyste parisien. Ainsi, si le sauvetage de Rhodia semble en très bonne voie, les actionnaires du groupe risquent, encore une fois, de devoir montrer leur attachement à l'ancienne filiale chimie de Rhône Poulenc pour lui permettre d'ouvrir son horizon...
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