Christian Streiff quitte Airbus

A peine arrivé à la tête d'Airbus, Christian Streiff s'en va. A la présidence du groupe aéronautique depuis seulement trois mois, il quitte ses fonctions ce soir, comme l'a annoncé un communiqué publié par EADS en fin d'après-midi. Il est remplacé par Louis Gallois, actuel coprésident d'EADS, qui conservera également ces fonctions. S'il s'en va, Christian Streiff n'est pas pour autant désavoué quant au travail accompli. Le plan Power8 de redressement du constructeur aéronautique a reçu aujourd'hui un soutien unanime de la part du conseil d'administration d'EADS. La maison-mère de l'avionneur européen a reçu une lettre de démission de Christian Streiff la semaine dernière, alors que ce dernier cherchait à imposer son plan de restructuration drastique afin de redresser Airbus. Le patron de l'avionneur souhaitait notamment avoir plus de liberté pour mettre oeuvre son plan et donc une plus grande autonomie, alors que les Allemands veulent à l'inverse qu'Airbus soit de plus en plus intégré dans EADS (voir ci-contre). Cette démission a donc finalement été acceptée, malgré le soutien apporté par le gouvernement français au patron d'Airbus. De source proche du dossier, DaimlerChrysler et Lagardère (actionnaires d'EADS) étaient pour leur part favorables à un départ.En Allemagne, les actionnaires et le gouvernement suivaient eux aussi la situation de très près. Ils ont été très surpris par les revendications de Christian Streiff, qui exigeait les pleins pouvoirs chez Airbus, sans en rapporter auprès de la maison-mère. Côté allemand, une solution incarnée par Louis Gallois remporte d'ailleurs un "total assentiment".Le constructeur européen, pris dans la tourmente depuis ses annonces successives sur les retards de son programme A380, doit mettre en place un plan de réorganisation, alors que l'impact financier de ces retards va peser lourdement sur ses comptes et ceux d'EADS.Dans un communiqué diffusé il y a une semaine, EADS a ainsi indiqué que l'impact financier des problèmes de livraison du très gros porteur sera de 4,8 milliards d'euros sur son résultat opérationnel. Afin de tenter un redressement d'Airbus, Christian Streiff a présenté de son côté son plan "Power8", qui vise notamment à faire économiser 2 milliards d'euros au groupe à horizon 2010.Ce nouveau changement à la tête d'Airbus confirme en tout état de cause une crise sans précédent chez EADS. Le changement interviendra ainsi trois mois à peine après la mise en place d'une nouvelle structure de direction chez EADS et l'avionneur. Louis Gallois avait alors remplacé Noël Forgeard à la coprésidence d'EADS. Christian Streiff avait repris les rennes d'Airbus, après le départ de Gustav Humbert. Les deux groupes sont en effet sous pression depuis qu'en juin dernier les premiers retards de livraison de l'A380 ont été rendus publics.En Bourse, EADS n'a d'ailleurs cessé d'être mis à mal. Son titre a chuté de plus de 36% depuis le 1er janvier 2006. Aujourd'hui, le titre recule de 1,32% à 20,16 euros à la clôture. Le marché continue d'afficher sa prudence vis-à-vis du titre, alors que les nouvelles modifications à la tête d'Airbus risquent de rendre encore plus périlleux son redressement. "Les négociations vont être plus longues et plus difficiles que nous ne l'imaginions. Or, rappelons que l'enjeu du plan Power8 est d'essayer de dégager dès 2008 un bénéfice net par action correct signalant clairement au marché un retour vers la normale. Tout retard important dans le lancement de ce plan de restructuration ne peut que décaler ce retour vers 2009, soit dans trois ans!", redoute ainsi l'analyste aéronautique de la société de Bourse Fideuram Wargny.
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