Les banquiers européens viennent de Vénus, les Américains de Mars

Un échange d'emails entre professionnels des Hedge Funds montre qu'Américains et Européens sont loin d'être les meilleurs amis du monde. Surtout, ils n'ont manifestement guère la même approche du travail.

L'histoire remonte à 2005 mais a été relayée récemment par le site américain Bankersball.com, suscitant de fortes réactions à travers la toile, et jusque sur notre site UK (lire l'article eFC UK, l'échange d'emails et les commentaires de nos internautes anglais).

Que s'est-il passé ? D'un côté, Daniel Loeb, Américain, directeur de Third Point LLC, un hedge fund basé à New York. De l'autre, Alan Lewis, Franco-américain, candidat expérimenté dans ce secteur et intéressé par un éventuel job auprès de Loeb. Une causerie plutôt ...tendue.

L'urgence vs la patience.

Lewis commence par s'offusquer de la demande de Loeb de suggérer trois bonnes idées d'investissements. "En Europe, les affaires ne sont pas menées de manière aussi informelles qu'aux Etats-Unis", argumente Lewis. "Vous faites beaucoup de manières et vous préférez aller boire une pinte de bière dans un pub plutôt que de travailler dur", lui rétorque Loeb.

Allyson Stewart Allen, auteur du livre Working with Americans, analyse cette réplique, qui vaut aussi pour les Français : "Toute personne vue avec un verre de vin lors du déjeuner est considérée comme alcoolique et va se montrer moins productifs l'après-midi". Ce dernier argument ne tient guère selon elle puisque "les salles de marchés londoniennes restent ouvertes plus longtemps que les new-yorkaises". Cela vaut aussi pour Paris. Elles s'animent dès les premiers échanges en Asie et arrêtent de s'affairer à la clôture des marchés américains. Ce qui n'est pas le cas Outre-Atlantique. Et toc !

La compétition avant tout.

Retour sur l'échange : Lewis, qui n'a pas sa langue dans sa poche, garantit à Loeb que "sa manière de faire des affaires ne peut pas s'appliquer en Europe. Cela serait un échec. La perception de la finance dans la société diffère. Il faut du tact et de la patience, contrairement aux Etats-Unis". Pour les Américains, le style de vie est une chose, la compétition aussi. Loeb exprime clairement qu'il n'a que faire des états d'âme et des discussions de Lewis. Il l'invite à poursuivre dans un club avec d'autres personnes : "J'aime bien l'idée des gens qui me disent que je vais échouer alors qu'ils sont au chômage après la fermeture de leur fond, ironise Loeb. Votre inexplicable insouciance et votre irrévérence me fascine. Je suivrai avec intérêt votre carrière...". Une leçon peut-être à tirer de toute cette affaire : ne pas provoquer votre potentiel prochain employeur, en particulier sur le terrain culturel.

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