Strauss-Kahn met directement en cause Hollande

L'ancien ministre des Finances estime que François Hollande est le "principal responsable" de la défaite du 6 mai. Le Premier secrétaire du PS a annoncé vouloir "refonder un grand parti de la gauche" après les législatives. Lors de la réunion du Conseil national du parti socialiste, samedi, la candidate battue par Nicolas Sarkozy a réclamé une décision rapide du PS sur son candidat pour la présidentielle de 2012.

Dominique Strauss-Kahn en remet une couche. Il a affirmé ce lundi que le premier secrétaire du PS, François Hollande, était "le principal responsable" de la défaite présidentielle, qui crée "évidemment une crise" au parti socialiste. "Le PS, depuis 2002, a été incapable de se renouveler", a-t-il insisté sur RMC et BFM-TV. Le député du Val-d'Oise a en outre ironisé sur la proposition de François Hollande d'organiser "des assises pour refonder un grand parti de la gauche". "C'est un aveu (...) Cela veut dire qu'on n'est plus un grand parti de la gauche", a-t-il souligné, en déplorant "la tendance à fuir, dans des manoeuvres institutionnelles, la réalité".

François Hollande, Premier secrétaire du PS, avait affirmé, dimanche soir sur France 3, qu'il y aurait après les élections législatives "des assises pour refonder un grand parti de la gauche". "Les radicaux de gauche, les amis de Jean-Pierre Chevènement y sont prêts, et nous allons le faire avec tous ceux qui le voudront, après les élections législatives", a-t-il indiqué. "Il faut refonder la gauche, parce qu'on ne peut pas avoir un grand parti socialiste" avec "des petites forces, des satellites autour de lui", a-t-il estimé.

De son côté, Ségolène Royal a essayé de prendre de court les responsables du parti socialiste. Lors du Conseil national du parti, qui s'est tenu samedi et qui devait se consacrer aux législatives toutes proches, l'ex-candidat à la présidentielle a demandé que le PS désigne au plus vite... son candidat pour la présidentielle de 2012. Une initiative qui a suscité peu d'enthousiasme chez les dirigeants d'un parti en pleine tourmente.

Officiellement, la réunion de samedi, qui se tenait six jours après la troisième défaite consécutive de la gauche à la présidentielle, ne devait pas aborder cette question. L'ordre du jour était en effet centré sur la préparation des élections législatives du mois prochain. Mais Ségolène Royal a bousculé le programme en affirmant que "il faut que le candidat ou la candidate (à la prochaine présidentielle) soit désigné beaucoup plus tôt, qu'il ne soit pas épuisé dans des querelles et conflits internes".

L'adversaire de Nicolas Sarkozy a aussi esquissé des critiques, lors de diverses interventions, sur le comportement des dirigeants du PS, qui aurait contribué à sa défaite. "Les fondamentaux de la société française telle que je l'avais comprise depuis longtemps ont été contestés même à l'intérieur du PS, donc ça a déséquilibré la campagne", a-t-elle ainsi affirmé, soulignant: "J'ai toujours eu, subi des critiques si ce n'est des trahisons".

Reste que sa proposition de désigner au plus vite le candidat socialiste de la présidentielle de 2012 - rôle pour lequel on l'imagine volontaire - a été fraîchement accueillie. François Hollande, Premier secrétaire du parti, a affirmé samedi sur France 3 que "le moment n'est pas venu" de savoir qui conduira la rénovation au PS, et que la priorité du parti était le rassemblement pour les élections législatives. Interrogé sur la volonté de Ségolène Royal de prendre les rênes du PS, François Hollande a rétorqué: "on n'en est pas là. C'est une hypothèse parmi beaucoup d'autres et en plus, ce n'est pas le calendrier. Nous verrons bien au lendemain des élections législatives".

Ton plus vif encore chez les rivaux directs de Ségolène Royal. "Vraiment, c'est une question qui me paraît sans intérêt (...) Le temps des présidentiables pour le moment est terminé", a lâché Dominique Strauss-Kahn, tandis que Laurent Fabius affirmait que "pour le moment ce sont les législatives et c'est à cela qu'il faut se consacrer et pas à des arrière-pensées".

Du coup, la réunion du Conseil national a été l'occasion de lancer quelques critiques contre la campagne présidentielle. Dominique Strauss-Kahn a estimé à la tribune que le PS avait perdu dimanche dernier parce qu'il s'était "éloigné du réel" et qu'il n'avait pas été "audible" sur de nombreuses questions essentielles pour les Français, dont les retraites et le nucléaire.

François Hollande a considéré, lui, que le projet "n'est pas apparu suffisamment cohérent et clair donc les priorités ne se sont pas forcément dégagées". De plus, le PS reste "ambigu sur l'immigration, l'énergie et la fiscalité (...) Il faudra là aussi clarifier". Autant de déclarations qui laissent présager de débats des plus vifs quand le cap des législatives aura été franchi.

Dans ces conditions, la réunion, beaucoup plus courte que prévu, a rapidement expédié la préparation de ces élections. Les délégués ont validé un programme pour les législatives placé sous le slogan "La gauche qui agit, la gauche qui protège", ainsi que les listes électorales. Au total, les socialistes ont offert quatorze circonscriptions aux Verts - une "ultime proposition", a prévenu François Hollande à la veille d'un Conseil national interrégional du parti écologiste à Paris -, dix au Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement et 33 au Parti radical de gauche. L' "ultime proposition" faite aux Verts n'a en tout cas pas suffi à les séduire: les écologistes l'ont rejetée dimanche. Les Verts présenteront donc des candidats dans toutes les circonscriptions.

"Les socialistes sont en ordre de bataille (...) rassemblés dans un dispositif ordonné et coordonné", a assuré François Hollande lors de sa conférence de presse finale. Mais il est clair que le Parti socialiste a devant lui une longue période de débats et de remise à plat. Pour les aider dans cette tâche qui s'annonce difficile, les responsables du PS pourraient s'inspirer d'un sondage publié aujourd'hui par le Journal du Dimanche, d'où il ressort que 59% des français pensent qu'à l'avenir, le PS devrait en priorité passer des alliances avec le centre et le Mouvement démocrate, le courant que vient de lancer François Bayrou, contre 35% qui se disent en faveur d'une alliance avec les autres partis de gauche. Mais il n'est pas sûr qu'ils en auront envie.

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