KarstadtQuelle ouvre un nouveau chapitre de son histoire

Jusqu'à présent un groupe de distribution très dépendant de son marché domestique, il devient désormais un acteur majeur du tourisme européen avec deux autres piliers dans la distribution. Un remodelage exécuté à grande vitesse alors qu'il y a deux ans il était au bord du dépôt de bilan. En mai, le groupe va être rebaptisé. Prochain objectif : récupérer à TUI le leadership du marché européen.

Thomas Middelhoff, le président bouillonnant de KarstadtQuelle est en train de tenir son pari. En reprenant les rênes d'un groupe en pleine déconfiture au printemps 2005, il s'était donné deux ans pour le remettre d'aplomb et lui donner un nouveau visage alors que celui-ci avait évité de peu la faillite. Un engagement qu'il est sur le point de tenir, à la grande satisfaction des actionnaires qui ont souvent douté de son avenir et de sa stratégie.

Après avoir cédé nombre de participations, épuré son activité et embauché de nouveaux dirigeants, il franchit aujourd'hui un nouveau pas en fusionnant sa division tourisme avec son concurrent britannique MyTravel. Le premier pas aura été la reprise réalisée la semaine passé des 50% de Thomas Cook détenus par la Lufthansa pour 800 millions d'euros.

Certains experts avaient trouvé la somme mise sur la table bien rondelette. Mais Thomas Middelhoff, dont le carnet d'adresses est bien remplie et qui connaît parfaitement le marché britannique pour avoir été partenaire chez Investcorp après son départ de Bertelsmann, avait déjà son prochain coup en poche.

Plutôt que d'avoir à payer en cash la division vacances à petit budget du touropérateur First Choice, il a préféré se marier à son concurrent MyTravel, l'ancien Airtours, qui comme Thomas Cook vient de subir ces deux dernières années une sévère cure d'assainissement. Une concession aussi chère payée puisque malgré la différence de taille entre les deux groupes, KarstadtQuelle n'aura que 52% du capital de la nouvelle entité Thomas Cook plc contre 48% aux actionnaires de MyTravel.

Mais le montage lui permet de consolider l'ensemble de la nouvelle société sans que le groupe allemand n'ait à débourser le moindre euro. Il va pouvoir exploiter aussi un report à nouveau fiscal de quelque 1,2 milliard d'euros de MyTravel. Sans endettement de surcroît, ce dernier garde donc entière sa marge de manoeuvre pour réfléchir à de nouveaux coups.

"Le modèle choisi pour ce montage peut aussi être valable pour nos deux autres coeurs de métier, les grands magasins et la VPC" s'est d'ailleurs empressé de commenter Middelhoff. Avis aux amateurs.

D'un groupe de distribution très dépendant de son marché domestique, voilà désormais KarstadtQuelle un groupe de tourisme avec deux autres piliers. Une fois le mariage consommé, à priori au début de l'été, le groupe réalisera 58% de son chiffre d'affaires de quelque 21 milliards d'euros dans le tourisme, 23% avec ses grands magasins Karstadt et 19% avec la vpc. Et la moitié de ses ventes proviendra de l'étranger.

Un nouveau visage, qui rappelle d'ailleurs le chemin parcouru par Preussag devenu TUI et aujourd'hui actif seulement dans le tourisme et le transport maritime, qui nécessite un nouveau nom pour le groupe. Celui-ci va être dévoilé lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires en mai, a juste indiqué Thomas Middelhoff.

Pour l'exercice 2008/2009, son objectif est de dépasser 23 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 1,5 milliard d'Ebitda, a-t-il ajouté ne laissant aucun doute sur ses ambitions : profiter de la faiblesse actuel du leader européen TUI pour lui ravir sa place. En 2005, Karstadtquelle, qui fait partie du MDAX, pesait 15,5 milliards de chiffre d'affaires pour un résultat d'exploitation de 500 millions.

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