Intime surveillance

"La vie des autres", un premier film qui se regarde comme un thriller palpitant. Tout en disséquant intelligemment l'Allemagne de l'Est des années 80 dominée par la Stasi.

Florian Henckel Von Donnersmarck. Un nom difficile à retenir mais auquel il faudra s'habituer. A 34 ans, ce réalisateur allemand signe ce premier long-métrage remarquable, couronné de plusieurs prix et qui concourra dans quelques semaines pour l'Oscar du meilleur film étranger. Le scénario de "La vie des autres" nous plonge dans un Berlin-Est sous haute surveillance, cinq ans avant la chute du Mur, en 1984. "Big brother" existe bel et bien mais sous un autre nom: la Stasi, la police secrète de renseignement du régime communiste.

Georg Dreyman (Sebastian Koch) est un dramaturge célèbre vivant en RDA. Même si ses pièces apolitiques ne dérangent pas le régime, le ministre de la Culture ordonne la mise sur écoute de son appartement. Officiellement pour mettre à jour des agissements clandestins, officieusement pour conquérir l'amie du dramaturge, l'actrice Christa-Maria Dieland (Martina Gedeck). Micros et caméras de surveillance en place, l'officier de la Stasi Gerd Wiesler (Ulrich Mühe, déjà vu chez Michael Haneke) s'installe à l'étage supérieur. Jour après jour, son casque vissé sur les oreilles, il écoute scrupuleusement la vie qui se déroule sous lui.

A force d'observer le monde de Dreyman qui lui était jusqu'alors inconnu, Wiesler va se prendre d'empathie pour l'écrivain. Il est uniquement animé par la foi qu'il place dans la cause communiste. C'est cette absence assumée de vie privée et d'ambition personnelle qui donne sens à l'évolution du personnage. Ce n'est pas tant la découverte de la vie des "autres" qui lui permettra de changer que le fait de réaliser que le système auquel il croyait, auquel il a voué sa vie, est corrompu.

En plus de décrire justement les troubles d'une société en proie à la peur et à la corruption, "La vie des autres" s'impose comme un thriller palpitant. En maintenant constamment le suspense, Von Donnersmarck réussit à faire durer le film plus de deux heures sans ennuyer.

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