Nicolas Sarkozy défend le modèle d'intégration français devant des élèves à Berlin

Sur le thème de l'intégration, le président français et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont débattu ce matin durant une heure avec des élèves allemands dans un lycée au Nord de Berlin.

Qu'est que l'intégration ? Les Etats doivent-ils davantage s'adapter aux immigrants ou bien est-ce à eux de faire les efforts ? Les étrangers sont-ils discriminés ? Y a-t-il en France plus de présentateurs dans les médias issus de l'immigration ? Ces questions ont été posées ce matin par des jeunes lycéens berlinois, parmi eux certains issus de l'immigration, à deux invités de marque : le président de la république, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, qui avaient choisi cette visite de "terrain" en ouverture du désormais traditionnel conseil des ministres franco-allemand, plaçant pour cette édition l'intégration au coeur des débats.

Le lieu choisi se voulait représentatif, avec le lycée Romain Rolland, situé au nord de la capitale allemande, dans l'ancien secteur français du Berlin jadis occupé par les forces alliées, et où l'enseignement du français tient haut le pavé depuis quarante ans. Une école qui pratique un enseignement "fondé sur l'image du citoyen européen", comme une affiche le rappelle dans son couloir d'entrée.

L'Europe, il en a été peu question dans les réponses des hauts dirigeants. D'entrée, Nicolas Sarkozy a pris un ton recueilli en déclarant son émotion de se retrouver dans un tel lieu : "nos parents et grands-parents se sont détestés, se sont combattus, la France et l'Allemagne ont été ennemis (...) Tout ce qu'on fait aujourd'hui, c'est pour que plus jamais des Allemands et Français se battent", a-t-il entonné pour marquer son importance donnée à la relation franco-allemande. Puis sur l'intégration, il a affirmé que "nos pays sont ouverts, pas fermés ; mais celui qui demande à venir doit respecter la culture dont il veut qu'il devienne la sienne".

Et de souligner son rejet de la polygamie, du mariage forcé, de la violation de l'égalité homme-femme. Un jeune qui raconte comment, entraîneur de football, il cherche à faire jouer ensemble des jeunes issus de l'immigration avec des Allemands, permet au président de rebondir : "tu es entraîneur de foot, il y a plusieurs pays d'origine sur le terrain mais un seul système de règles pour tous. En France et en Allemagne, la seule règle, c'est la république. Celui qui veut venir en France, on lui demande de l'aimer. Quand tu invites quelqu'un chez toi, tu lui demandes de te respecter. C'est pareil pour le pays".

Autre couplet connu du président, quand il martèle qu'un "étranger n'a pas moins de droits, mis pas moins de devoirs". En poursuivant sur un thème qu'il sait très sensible, il souligne qu'il n'est pas question d'accueillir un flot illimité d'immigrés. Et de déclarer que "le premier adversaire de intégration, c'est immigration clandestine". Angela Merkel opine de la tête. Sans être interrogé sur l'Islam, le président veut rappeler à l'assistance qu'il s'est battu pour que Lyon, "la capitale des Gaules", ait "sa grande mosquée". Mais en rajoutant qu'à ses yeux il importe qu'il y ait un "Islam de France, pas un Islam en France".

L'intégration, c'est en premier lieu "connaître la langue du pays d'accueil, sinon on a aucune chance d'avancer", a insisté de son côté la chancelière. Comme la France dernièrement, l'Allemagne s'est dotée d'un arsenal législatif qui conditionne l'entrée sur le territoire à des connaissances de la langue du pays. S'ajoutent des tests de langue pour les enfants avant d'être scolarisés. Mais, ajoute Merkel, dans le même temps "il faut que les Allemands s'ouvrent aux autres, ce n'est pas une voie à sens unique".

A propos de la langue, le président se montre intransigeant: "dans des quartiers en France, des femmes ne peuvent apprendre la langue car leurs maris les enferment à la maison, c'est moyen-âgeux (...) Ceux qui empêcheront leur femme d'apprendre le français ne resteront pas en France", prévient-il. A la gauche de Sarkozy, Victoire, 16 ans, immigrée du Bénin il y a huit ans, s'exprime dans un allemand parfait. Le président se dit subjugué auprès d'elle. Cet exemple de réussite, c'est selon lui une preuve qu'il faut se battre.

Prenant la chancelière, issue du bloc de l'Est, à témoin : "pour Angela non plus, cela n'a pas été évident avant qu'elle devienne chancelière, elle s'est beaucoup battus". Se battre, tel est le mot qui vient en conclusion : "vos vies seront ce que vous en ferez ! Aide-toi et le ciel t'aidera ! On ne peut pas appuyer sur un bouton, et exiger: donne moi un logement, un travail, une langue ! oh, donne toi un peu de mal !", lance-t-il à la cantonade.

A la sortie, les jeunes sur le podium étaient partagés entre enthousiasme et critique: "c'était un peu superficiel", lance Lioba, 17 ans, originaire du Togo. Karim, mi-tunisien mi-polonais, a apprécié ce langage simple de représentants de la politique, qui tranche avec les discours officiels.

Sarkozy et Merkel réaffirment leur soutien aux réformes économiques
A l'occasion du conseil des ministres franco-allemand, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont réaffirmé lundi leur soutien réciproque à la poursuite des réformes économiques, chacun mettant l'accent sur le succès enregistré par Berlin pour réduire le chômage. "Regardez ce qu'a fait l'Allemagne, de grandes réformes. A l'arrivée, ils ont un million de chômeurs en moins", a affirmé Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel. Angela Merkel, qui a elle aussi mis l'accent sur la baisse du chômage en Allemagne, a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy en souhaitant "tout le succès possible" aux réformes entreprises en France. Elle a également affirmé n'avoir aucunement l'intention de revenir sur les réformes entreprises en Allemagne à un moment où les sociaux-démocrates, ses partenaires au sein de la coalition gouvernementale réclament des aménagements à l'assurance chômage, notamment pour les chômeurs âgés. "Ce qui compte, c'est que nous poursuivions ce que nous avons entrepris", a-t-elle déclaré, ajoutant qu'il ne fallait pas décider "de choses qui nous feraient revenir en arrière". Interrogé sur la tension sociale en France, Nicolas Sarkozy a noté que "la porte du dialogue reste ouverte" avec les partenaires sociaux, mais "ces réformes nous les ferons, parce qu'elles doivent être faites". "Ce ne sont pas des réformes de gauche ou de droite, ce sont des réformes de bon sens que tous les autres pays qui réussissent ont mis en oeuvre", a-t-il poursuivi.

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