Fin en apothéose pour la saga de bande dessinée XIII

La conclusion de la BD XIII, qui tient les lecteurs en haleine depuis 23 ans, prend la forme de deux albums mis en vente ce mardi 13 novembre. Un million d'exemplaires vont inonder les librairies dans le cadre d'une opération marketing exceptionnelle dans l'édition.

C'est un peu le "Harry Potter" de la bande dessinée: la BD XIII sort ce mardi en librairie avec un doublé, deux albums qui mettent un point final à cette série culte. Pour satisfaire la curiosité des fans qui, depuis 1984, attendent avec anxiété de connaître la véritable identité de cet agent secret amnésique, c'est un million d'albums qui sont mis en place en librairie. Succès garanti pour une opération éditoriale hors norme.

Vous n'y échapperez pas: la déferlante XIII s'abat à partir de mardi (le 13, évidemment) dans les librairies. Avec une mise en scène équivalent presque à celle du dernier tome des aventures du petit sorcier. Si, à part Virgin Champs Elysées, les librairies ne se bousculeront pas pour ouvrir mardi à minuit, comme ce fut le cas le mois dernier pour Harry Potter, il y aura quand même un nombre record de volumes distribués: un million de BD, à raison de 500.000 pour chacun des deux albums qui parachèvent la série.

Chez Dargaud, heureux éditeur de XIII et leader français de la bande dessinée, on ne cache pas avoir tout mis en oeuvre pour assurer à la série un final en apothéose. Contrairement à nombre de grandes séries de BD qui se poursuivent interminablement avec de nouveaux épisodes distincts des précédents, l'histoire de XIII devait par construction s'achever. Car depuis le début, l'aventure tourne autour de la quête d'identité d'un agent secret amnésique. Son enquête, qui d'album en album a exploré tous les grands mythes de l'Amérique contemporaine, ne pouvait que s'achever par une révélation finale. Encore fallait-il, pour l'éditeur, maximiser l'impact de la fin d'une série qui a conquis des millions de lecteurs et a vendu plus de 10 millions d'albums depuis l'origine. Dargaud s'est donc demandé comment faire pour convaincre le scénariste, Jean Van Hamme, de réaliser deux albums plutôt qu'un seul pour terminer la série. Pour ce faire, l'éditeur a convaincu un géant de la BD, Jean Giraud (l'auteur de Blueberry et de l'Incal), de se substituer au dessinateur habituel de XIII, William Vance, pour un album de flash-back, qui sera donc l'avant dernier de l'histoire.

Cette trouvaille commerciale permet à Dargaud de réaliser ce feu d'artifice en alignant deux albums réalisés par trois grands noms de la BD. "C'est une vraie idée éditoriale, qui met fin à un quart de siècle d'aventure", se félicite Claude de Saint-Vincent, PDG de Dargaud, selon qui XIII est exemplaire d'une BD qui "s'est construite petit à petit, grâce au prosélytisme de ses lecteurs, passant ainsi des 7.000 exemplaires du tome 1 aux 500.000 des derniers tomes".

Avec cette opération, Dargaud va réaliser son plus gros coup de l'année. Les deux nouveautés de la série représenteront à elles seules environ 10% des ventes de l'éditeur en 2007. Avec un succès assuré: "depuis deux mois, les deux albums s'inscrivent en positions 2 et 3 des meilleurs ventes (en pré-réservation) sur Amazon.fr, derrière Harry Potter, souligne Claude de Saint-Vincent, s'il n'y avait pas eu ce dernier, ce serait la plus grosse opération éditoriale de l'année".

Et le "big business" de XIII ne s'arrête pas là. La Française des Jeux, notamment, participe à l'opération en sortant dix nouveaux tickets à gratter aux couleurs de la série. Depuis leur lancement en 2000, les tickets XIII se sont vendus à... 300 millions d'exemplaires.

Côté jeux vidéo, Ubisoft ressort pour l'occasion son jeu XIII (déjà vendu à 2 millions d'exemplaires), tandis que Gameloft sort un jeu sur téléphone mobile. Et les aventures de XIII vont également connaître une nouvelle carrière avec le tournage qui débute ces jours-ci au Canada d'une mini-série télévisée avec la participation de Canal+ et M6.

Cette formidable machine marketing qui se déploie à l'occasion de la fin de la série n'a rien pour effrayer Jean Van Hamme. Interrogé sur la façon dont il conçoit les couvertures de ses albums, cet auteur à succès ("entre ses différentes séries, Van Hamme vend deux millions d'albums les bonnes années, personne d'autre ne réussit cela!", souligne Claude de Saint-Vincent) répond en citant le principe AIDA de la grande distribution: "Attirance-Intérêt-Désir-Achat, une bonne couverture d'album doit attirer et susciter l'intérêt, afin de déclancher l'achat", explique ce scénariste au discours plus proche de celui d'un cadre marketing que des artistes maudits fréquents dans la BD...


Renseignements pratiques :
XIII - tome 18 - La version irlandaise
tome 19 - Le dernier round
Dargaud, 10,40 euros le volume

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