La BRI plébiscite la pratique spéculative du "carry trade"

La Banque des Règlements Internationaux affirme que de 2001 à 2007, les stratégies de portage des monnaies consistant à jouer sur les écarts de rendements ont été beaucoup plus profitables que les investissements en actions cotées en Bourse.

C'est la BRI, la Banque des Règlements internationaux, qui parle: le "carry trade" sur les monnaies permet de réaliser de meilleures performances que l'achat d'actions, et comporte moins de risque. Cette assertion de la part de l'éminente banque centrale des banques centrales est pour le moins inattendue et résonne comme un encouragement à une pratique qui a défié les grands argentiers de la planète en déséquilibrant le marché des changes tout au long de l'année qui s'achève.

Mais le constat est implacable: la pratique qui consiste à emprunter les monnaies de pays pratiquant de faibles taux d'intérêt pour en investir le produits sur des devises plus rémunératrices - c'est la définition du carry ou stratégie de portage - s'est révélée payante de 2001 à 2007, période sur laquelle porte l'étude de l'institution de Bâle.

Un exemple fourni par la BRI: acheter des dollars australiens avec des emprunts en yens a offert un retour sur investissement annualisé de 12,5% entre septembre 2001 et septembre 2007, à comparer avec un minuscule 3,6% de gains pour l'indice Standard & Poor's 500.

Très sérieusement, la BRI écrit: "le carry trade est souvent perçu comme une stratégie d'investissement hautement spéculative, à ne mettre en pratique que par les spéculateurs les plus expérimentés, mais si l'on prend la volatilité comme mesure du risque, les stratégies de portage sont bien moins hasardeuses que la plupart des investissements sur les marchés d'actions". Elle appuie sa thèse de chiffres: la volatilité quotidienne sur le carry trade varie entre 0,6% et 0,8%, alors qu'elle s'élève entre 1% et 1,4% pour les principaux indices boursiers.

Et d'enfoncer le clou: bien que le carry trade présente "d'énormes risques" de pertes potentielles, il offre aussi "d'extraordinaires perspectives" de gains... Il est vrai que tant que le risque de change est minime, investir sur les écarts de rendements a constitué ces dernières années une opportunité exceptionnelle, avec un yen qui ne rapporte que 0,5%, après avoir offert une rémunération nulle pendant cinq ans, tandis que, à l'autre bout de l'échelle, le dollar australien rapporte 6,75%.

La BRI s'est penchée plus particulièrement sur dix couples de monnaies, formés par les cinq monnaies qu'elle considère comme les plus attractives et les deux vecteurs de la stratégie. Les cibles d'achats sont nommément le dollar australien déjà cité, les roupies indonésienne et indienne, le dollar néo-zélandais et le peso philippin. Parmi les deux monnaies de financement, la banque constate enfin que les emprunts en yens ont permis de meilleur résultats que ceux en francs suisses, en raison des taux d'intérêt plus faibles pratiqués au Japon que dans la Confédération helvétique. CQFD...

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