Après la mort de l'abbé Pierre, survenue tôt lundi matin à l'hôpital du Val de Grâce, l'action d'Emmaüs continue, en particulier en faveur des sans toit et des mal-logés. "Continuer" le combat initié durant l'hiver 1954 et réitéré maintes fois depuis est en effet "le meilleur hommage que le mouvement Emmaüs peut rendre à l'abbé Pierre", selon Emmaüs France. Exprimant tout à la fois son "immense émotion" et "son extrême reconnaissance" à l'égard de son fondateur, mort à l'âge de 94 ans, l'association souligne que "l'abbé Pierre a incarné la générosité, l'engagement et la solidarité, tenant farouchement à son indépendance".

Le combat de l'abbé Pierre pour le droit au logement est en effet loin d'être terminé. Plus de cinquante ans après son appel lancé en faveur des sans-abri sur les ondes de Radio-Luxembourg, plus de 3,2 millions de personnes en France sont mal ou ne sont pas logées en France, selon le rapport annuel 2006 de la Fondation Abbé Pierre. L'initiative lancée par l'association Les Enfants de Don Quichotte, qui a installé depuis mi-décembre un campement de personnes vivant à la rue sur les bords du Canal Saint-Martin à Paris, est venue rappeler, en pleine campagne électorale, que la question des sans domicile fixe - soit près de 90.000 personnes en 2001, selon l'Insee -, est loin d'être réglée. Cette année encore, plusieurs personnes vivant à la rue sont mortes de froid.

"Nul ne remplacera l'abbé Pierre et aucun individu ne pourra se prétendre son succésseur", estime Emmaüs France. Sa capacité d'indignation a frappé l'esprit et le coeur des Français, dont il a été longtemps la personnalité préférée. Les obsèques de l'abbé Pierre se dérouleront en fin de semaine dans la plus stricte intimité dans le cimetière de la communauté d'Esteville, près de Rouen, où il vécut plusieurs années, a indiqué le président d'Emmaüs France, Martin Hirsch. Auparavant, un "hommage national" lui sera rendu vendredi à Notre-Dame de Paris, en présence du président Jacques Chirac et du gouvernement. Contrairement à la tradition, et à la demande de la famille, les drapeaux ne seront pas mis en berne.