Un rapport souligne le travail excessif au technocentre de Renault

D'après l'étude sur "le bien-être au travail" commandée au cabinet Technologia par un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du Technocentre, deux tiers des salariés déclarent travailler au quotidien "au moins neuf heures par jour".

Un rapport indépendant, officiellement présenté jeudi prochain mais dont l'AFP s'est procuré les principaux résultats, fait état d'un large dépassement du temps de travail des salariés du Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines), théâtre récent de trois suicides.

D'après l'étude sur "le bien-être au travail" commandée au cabinet Technologia par un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du Technocentre, deux tiers des salariés déclarent travailler au quotidien "au moins neuf heures par jour", selon des sources proches du dossier.

Ce temps comprend le travail à domicile, fréquent, même pour les techniciens, et les trajets imposés par l'entreprise, mais exclut la pause déjeuner.

20% des techniciens et agents de maîtrise interrogés ont indiqué travailler très souvent au-delà du nombre d'heures hebdomadaires prévues "sans compensation", selon l'étude entamée en juin et basée sur un questionnaire auquel 64% des 9.200 salariés Renault du Technocentre ont répondu, ainsi qu'une centaine d'entretiens individuels.

Avant même les résultats de l'étude de Technologia, la direction avait semblé reconnaître le problème et présenté un "plan de soutien" assorti, fin septembre, de "mesures sur la maîtrise du temps de travail". Elle avait notamment resserré les horaires d'ouverture de ses cinq sites d'ingénierie (15.000 salariés) de 07H00 à 20H30 en semaine, contre 05H30 à 22H30 jusqu'alors.

La direction reconnaissait alors "une maîtrise insuffisante du temps de travail, conduisant à des temps de présence et de travail qui peuvent être excessifs", "un temps de repos parfois insuffisant" et "une diminution des occasions d'échange et de convivialité".

Interrogée vendredi, la direction n'a pas souhaité faire de commentaire avant la réunion du CHSCT jeudi, où le rapport doit être présenté.

Selon la CFDT, citant Technologia, 30% des salariés interrogés présentaient "une forte probabilité de troubles pathologiques dus à leurs conditions de travail" et 51% ne se sentaient "pas soutenus par leur hiérarchie".
L'expertise avait été demandée par des syndicats dès le premier des trois suicides de salariés du Technocentre, intervenus entre octobre 2006 et février 2007 et dont l'un a déjà été reconnu comme accident du travail, les deux autres étant en cours d'examen.

"Pour la première fois, une enquête indépendante apporte des signes objectifs et concrets de dépassement massif du temps de travail chez Renault", s'est félicité un syndicat.
Technologia "a cherché à savoir si l'organisation générait de la souffrance au travail", a précisé Denis Dedieu (CFDT), et a relevé "des difficultés dans le management de proximité", ainsi qu'un "manque d'autonomie de décision" pour tous, du fait de l'augmentation du niveau d'exigence de la direction et d'une mauvaise répartition de la charge de travail.

Selon la sociologue Annie Thébaud-Mony, sollicitée par ailleurs par le syndicat Sud, les évaluations individuelles des salariés par leurs supérieurs ont en outre "pris un tour douloureux et même humiliant", puisqu'ils peuvent être "mis en cause devant leurs collègues".
Le Technocentre a doublé le nombre de modèles de voitures à concevoir chaque année, depuis le Contrat 2009 du PDG Carlos Ghosn, lancé en février 2006.

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