Enquête d'auteur

Julian Barnes met en scène un épisode véridique où Sir Arthur Conan Doyle se prend pour Sherlock Holmes. Le portrait corrosif de l'Angleterre victorienne sous forme de thriller.

Arthur Conan Doyle jouant les Sherlock Holmes pour innocenter un homme accusé à tort: l'épisode est véridique. L'écrivain anglais Julian Barnes le relate en historien scrupuleux mais sans laisser de côté sa force narrative et son ironie féroce. Le récit débute en voix alternées. D'un côté, George Edalji, fils de pasteur dans un petit village de province anglaise, myope, plutôt impopulaire. De l'autre, Arthur, jeune homme vigoureux, bercé par les récits légendaires du roi Athur, brillant, promis à un bel avenir. Deux vies éloignées qui vont se croiser, bien des années après.

Les habitués de Barnes seront sans doute désarçonnés en ouvrant "Arthur & George". L'écriture se fait plus posée qu'à son habitude, le rythme plus lent. C'est que l'écrivain tient à être méticuleux, à ne rien précipiter. Il parvient pourtant à nous tenir en haleine en jonglant habilement entre la biographie, la critique sociale et le roman policier.

Qu'apprécie-t-on le plus dans "Arthur & George"? Les tiraillements passionnels de Conan Doyle? Sa fascination pour le spiritisme qui contraste avec le pragmatisme résigné de George? L'exploration d'une société en basculement où se font écho les procès de Dreyfus et d'Oscar Wilde? Ou plus simplement l'enquête, digne de Sherlock Holmes? La réponse est élémentaire: tout à la fois.


"Arthur & George" de Julian Barnes (Mercure de France, 560 pages, 24,40 euros)

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