"L'enfant et les sortilèges" envoûte l'Athénée

L'opéra surréaliste de Ravel et Colette jette un sort ce week-end au public l'Athénée-Théâtre Louis Jouvet, dans la célèbre mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser.

"L'enfant et les sortilèges", un opéra pour enfant ? Sûrement pas. Du moins si l'on en croit Moshe Leiser qui met en scène avec Patrice Caurier la fantaisie lyrique de Ravel ce week-end à l'Athénée - Théâtre Louis Jouvet à Paris. "Quand on sait la haine que Colette, qui a réalisé le livret, éprouvait pour les enfants et au contraire l'amour qu'elle portait aux animaux, on ne peut pas imaginer qu'elle et Ravel aient voulu concevoir un opéra pour enfant". Pour le metteur en scène, gratifié avec Patrice Caurier d'un FIPA d'Or à Cannes en 1994 pour la réalisation cinématographique de l'oeuvre chantée alors par Natalie Dessay, il s'agit plutôt d'un opéra sur l'enfant, sur sa cruauté et sur sa culpabilité. Une approche très différente de celle des contes pour enfants, qui illustrent souvent à des fins initiatiques et cathartiques la cruauté des autres, sans jamais évoquer celle de l'enfant lecteur.

Un simple coup d'oeil au livret le confirme. Le drame est simple : un enfant capricieux et forte-tête est puni par sa mère et se retrouve seul dans sa chambre en proie sa colère ("Je suis libre, méchant et libre !") puis une rêverie qui tourne au cauchemar. Sous les plumes à la fois poétiques et violentes de Colette et de Ravel, les éléments se retournent, de plus en plus virulents, contre l'Enfant qui les a malmenés : une tasse chinoise fêlée, un fauteuil cassé, une horloge désorientée, le feu dans la cheminée, les pastoureaux et pastourelles du papier peint, ses livres d'arithmétique, puis les animaux et les arbres du jardin tout entier... "Nous avons pris le parti de représenter ces objets sous des traits humains, de les personnifier", précise Moshe Leiser. "Le feu, par exemple est une petite frappe, un caïd qui vient proprement agresser l'enfant, et pas seulement de manière symbolique". Sur le plan musical, est-il utile de préciser que l'oeuvre est également un enchantement ?

Extrêmement innovante pour son époque (1925), la partition mêle habilement et non sans humour le menuet au fox-trot et vocalises à la valse. Détail notable : la version jouée ici, réduite par le compositeur Didier Puntos à un "opéra de chambre", le sera sans chef d'orchestre, reposant ainsi uniquement sur une respiration commune et les talents d'écoute de chacun.

L'enfant et les sortilèges de Ravel, du 16 au 19 novembre à l'Athénée Théâtre Louis Jouvet à Paris. Tél : 01.53.05.19.19. www.athenee-theatre.com

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