Les télécoms européens en pleine recomposition

La concurrence, les évolutions technologiques, et les ressources financières abondantes dans le secteur, ont relancé le marché des fusions-acquisitions. Le phénomène devrait prendre de l'ampleur estiment les analystes.

Il ne s'agit pour l'instant que d'opérations de deuxième ou de troisième catégories. Mais le phénomène ne trompe pas. Le secteur européen des télécommunications est en pleine recomposition. La vente prochaine par France Télécom de sa filiale Orange au Pays-Bas, vraisemblablement à Deutsche Telekom, en échange du fournisseur d'accès à Internet de ce dernier en Espagne, constitue un nouvel exemple de ce jeu de chaises musicales. Ces derniers mois, les acquisitions se sont multipliées : Swisscom a racheté le groupe Internet italien Fastweb ; Telefonica a déboursé 2,3 milliards d'euros pour prendre une position minoritaire au capital du holding de contrôle de Telecom Italia ; après Club-Internet, Neuf Cegetel vient de mettre la main sur le petit fournisseur d'accès Internet sans fil Ozone.

Plusieurs éléments expliquent ce retour des grandes manoeuvres. Tout d'abord, pour répondre efficacement à la concurrence, et pouvoir mettre en place des économies d'échelle, les opérateurs ont besoin de grossir. Ensuite, les évolutions technologiques et la convergence entre téléphonie fixe, Internet et téléphonie mobile tendent à estomper les frontières entre opérateurs.

Après le "triple-play", alliance entre le fixe, l'Internet et la télévision, l'avenir est au "quadruple play" : fixe, Internet, télévision et mobile. Une évolution qui pousse les opérateurs mobiles à regarder du côté des fournisseurs d'accès à Internet (exemple Swisscom-Fastweb). Enfin, si la concurrence est toujours aussi vive en raison de l'émergence de nouveaux acteurs et de la déréglementation, les perspectives économiques des principaux opérateurs du secteur se sont stabilisées. Les mesures de réductions des coûts et le lancement de nouveaux services ont permis de contenir l'érosion de leurs marges. De quoi réduire le risque financier inhérent à toute acquisition et accroître la confiance des prédateurs potentiels.

Ensuite, les grands opérateurs intégrés, comme France Télécom ou Telefonica, sont de moins en moins contraints par leurs stricts objectifs de réduction de la dette qu'ils épongent patiemment depuis la bulle de l'an 2000. Dans une récente étude, les analystes crédit de BNP Paribas estimaient ainsi que les opérateurs européens pourraient lever 75 milliards d'euros cette année, sans remettre en cause leur santé financière.

Tous les analystes sont donc persuadés que le mouvement de fusions acquisitions devrait s'accélérer dans les prochains mois. Les analystes de Credit Suisse sont même persuadés que les "fusions-acquisitions seront probablement le principal moteur de la performance boursière du secteur" cette année.

En France, alors que la concentration du marché de l'accès à Internet haut-débit semble proche de la fin, après le rachat de Club-Internet par Neuf Cegetel, le paysage dans la téléphonie mobile pourrait évoluer dans les prochains mois. La mise en vente par l'Etat d'une quatrième licence de troisième génération jouerait le rôle de catalyseur. L'arrivée d'un nouvel acteur pourrait en effet pousser les trois autres opérateurs à réagir.

Scénario envisagé ? Pour contrôler la totalité de sa filiale SFR, Vivendi rachète les 44 % du capital détenus par Vodafone tandis que ce dernier se rabat sur Bouygues Telecom. La direction du néerlandais KPN a quant à elle publiquement reconnu qu'elle étudierait le dossier du rachat de Bouygues Telecom si celui-ci venait à être ouvert.

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