Perspectives 2008 : les obligations d'entreprises suscitent encore des réserves

Si les obligations d'Etat ou le monétaire régulier profitent toujours du contexte actuel, le crédit corporate, les émissions des sociétés souffrent encore d'une relative méfiance des investisseurs.

Le type de scénario retenu pour les perspectives de l'économie mondiale en 2008 dessine des stratégies divergentes - pessimistes ou optimistes - sur le marché des titres à revenu fixe, et notamment des obligations d'entreprises. "L'écart de taux entre les obligations d'Etat et les emprunts d'entreprises se situe toujours dans les plus bas historiques en Europe sur les vingt-sept dernières années", explique Jim Leaviss, stratégiste obligataire chez M&G Investments, la société de gestion de l'assureur britannique Prudential.

Autant dire que la différence de rémunération ne justifie pas le risque pris, qui pourrait nettement augmenter avec le déclin de la croissance et la baisse des profits. "L'accroissement du ralentissement économique engendré par la crise financière amplifiera le risque de défauts en 2008" estime Jim Leaviss.

L'investisseur obligataire doit donc, selon lui, éviter le segment du crédit pour le moment. Un avis partagé par d'autres stratégistes. "La tendance reste défavorable au crédit, même si les primes de risque du crédit ont été rétablies", confirme Yves Bonzon, responsable de la stratégie d'investissement pour la clientèle privée chez Pictet, qui reste lui aussi méfiant sur les obligations d'entreprise.

Il subsiste pourtant quelques optimistes sur le marché. Ainsi l'équipe high yield d'ING IM n'envisage pas de "hard landing (atterrissage violent) aux Etats-Unis, anticipe un bas niveau de défaillances d'entreprises et des interventions de la Fed efficaces. "Le marché offre des opportunités d'achat sur des titres corporate bien notés", maintient Hans Stoter, responsable du High Yield chez ING IM.

Comment investir, dans ce contexte, sur les produits de taux? "Les obligations d'Etat anticipent déjà un ralentissement économique marqué, et sont soutenues par le flight to quality (fuite vers la qualité)", martèle Jim Leaviss. "Elles généreront de nouvelles surperformances seulement en cas de récession américaine" complète, estime, plus réservé, Yves Bonzon. En outre, les taux directeurs courts restent encore élevés en Europe (4%) et aux Etats-Unis (4,25%), ce qui conserve des avantages au monétaire régulier, sans risque.

L'investisseur obligataire à la recherche d'un surcroît de rémunération pourra dès lors se tourner vers la dette émergente en monnaies locales, pouvant éventuellement inclure une composante modérée d'obligations d'entreprises.

Une piste où se retrouvent de façon plus consensuelle Pictet, ING IM ou encore Bank of New York Mellon AM. "La dette souveraine des marchés émergents en devise locale représente désormais 70% de la dette contractée par les pays émergents, une proportion toujours en augmentation, explique Alexander Kozhemiakin, stratégiste chez Standish, le gestionnaire obligataire spécialisé de BNY Mellon AM. Nous restons confiants, pour plusieurs années, sur le potentiel de performance de la composante devise et de la composante duration de cette classe d'actif, qui a gagné à la fois en profondeur et en liquidité".

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