Chirac presse le gouvernement de préparer le droit au logement opposable

Dans ses voeux aux Français, le Chef de l'Etat a esquissé une mesure concrète : l'instauration du droit au logement opposable. Il souhaite qu'elle se concrétise dans les prochaines semaines. Le gouvernement est mobilisé.

Cela a été la seule annonce concrète de ce qui a peut-être été les derniers voeux du Président de la République Jacques Chirac aux Français, dimanche soir. Le Chef de l'Etat a souligné vouloir que soit mis en place rapidement un droit au logement opposable. Il a même cité l'échéance des prochaines semaines et indiqué que son gouvernement devait avancer rapidement sur ce dossier.

La déclaration de Jacques Chirac intervient après plus de deux semaines de mobilisation de l'association Les Enfants de Don Quichotte, qui a installé des tentes pour les SDF le long du canal Saint-Martin à Paris et obtenu l'adhésion de la plupart des partis à une charte réclamant des mesures urgentes, dont le droit au logement opposable.

Ce droit placerait l'habitat au niveau des droits à la santé et à l'éducation et permettrait à un citoyen de recourir aux tribunaux en cas d'impossibilité de trouver un logement. C'était l'un des chevaux de bataille du haut comité depuis les années 2002-2003. Mais, jusque-là, il n'avait suscité qu'un intérêt formel des responsables politiques ou n'avait abouti qu'à la mise en oeuvre de simples expérimentations.

Les associations de soutien aux mal-logés ont accueilli favorablement cette annonce, mais avec prudence. "C'est une grande victoire, c'est irréversible (...), tout le monde s'est prononcé pour", a réagi dimanche soir Xavier Emmanuelli, président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées. Un nouveau rapport de Xavier Emmanuelli sur ce dossier, commandé par le gouvernement, est attendu mi-janvier et selon Le Monde daté de mardi, un projet de loi est déjà à l'étude.

"C'est positif, c'est un combat de six ans pour que le président intègre ce droit comme mesure qu'il va soumettre au Parlement, a souligné Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.Toutefois, il ne faut pas que cela soit un slogan mais une réalité. Si le droit au logement, c'est uniquement pour gérer la liste d'attente, cela sera insuffisant, notamment en l'absence de mesures de coercition pour la production de logements à loyers accessibles. Et, si ce projet est adopté, la France ne verra se concrétiser ce droit que dans cinq ans minimum."

Les associations soulignent en tout cas l'urgence de la situation: selon Emmaüs France, un million de personnes en France sont privées d'un logement personnel : 100.000 sont à la rue, les autres vivent dans des caravanes, foyers et autres logements de fortune.

"Il ne suffit pas de le proclamer pour le faire", a ainsi relevé Martin Hirsch, président d'Emmaüs France.
Les Don Quichotte ont pour leur part jugé la promesse de Jacques Chirac "insuffisante", soulignant qu'elle ne concernait qu'un point de leur charte qui exige en outre des structures d'hébergement d'urgence ouvertes toute l'année, 24 heures sur 24, et des offres immédiates de logements temporaires.
L'association Droit au logement (DAL) a "pris acte" et appelé à "l'extension de la mobilisation" et à la mise en oeuvre de la charte.

"Cela va prendre du temps et dans l'intervalle, il y a urgence humanitaire", a déclaré à l'AFP (Agence France Presse) Graciela Roberts, chargée de la mission SDF à Paris de Médecins du Monde (MDM), les premiers à planter des tentes pour les sans-abri en 2005.Elle estime que les mesures annoncées fin décembre - notamment l'extension des horaires des centres d'accueil et la création de 3.000 places en centres dits de "stabilisation" - sont en deçà des besoins.

Un immeuble parisien de la Lyonnaise des banques occupé par des sans logis
Plusieurs associations de défense des mal logés ont annoncé lundi avoir réquisitionné un immeuble vide de 1.000 m2 situé dans le centre de Paris. Propriété de la Lyonnaise des Banques, l'immeuble inoccupé depuis trois ans est situé au 24, rue de la Banque, dans le IIe arrondissement, à deux pas de la Bourse. Ses quatre étages ont été réquisitionnés par les associations Jeudi noir, Macaq (Mouvement artistique et culturel d'animation de quartier), avec le soutien de Droit au logement. Une dizaine de familles, soit une soixantaine de personnes, y sont installées depuis une semaine. Des salariés et des enfants figurent au nombre des squatteurs. Les associations veulent transformer deux étages de l'immeuble en un espace de débats dédié à la problématique du logement. L'immeuble a été rebaptisé ironiquement par les squatteurs "minstère de la crise du logement".

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