Le syndicat des conducteurs GDL fixe un nouvel ultimatum à Deutsche Bahn

La grève dans les chemins de fer bat aussi son plein ce vendredi en Allemagne. Le seul syndicat à l'origine du mouvement, GDL, regroupant les conducteurs de trains, exige de Deutsche Bahn une offre d'accord collectif d'ici lundi comme condition de reprise des négociations sur les conditions de travail.

La compagnie ferroviaire publique allemande est placée une nouvelle fois dos au mur. Le syndicat GDL, majoritaire parmi les 20.000 conducteurs de trains, exige de Deutsche Bahn qu'elle lui présente d'ici lundi une nouvelle offre d'accord collectif. Faute de quoi de nouveaux arrêts de travail seront déclanchés la semaine prochaine, a prévenu le vice-président du syndicat, Claus Weselsky. L'opérateur ferroviaire s'en tient de son côté à sa dernière offre déposée, la cinquième depuis l'été, qui comporte selon lui suffisamment d'avancées sociales pour servir de base de négociation.

En ce vendredi, jour traditionnellement chargé sur les routes la veille de week-end, des millions de voyageurs ont du prendre une nouvelle fois leur mal en patience. Cette grève déclenchée jeudi, la sixième depuis l'été, est déjà la plus dure de l'histoire de la compagnie ferroviaire. Elle frappe l'ensemble des lignes dans le transport des voyageurs et, dans une mesure moins grave que redoutée, des marchandises. La partie orientale du pays, où GDL est le mieux implanté, est très fortement atteinte.

L'issue du conflit reste totalement incertaine. GDL réclame une convention collective séparée, arguant de la difficulté du métier de conducteur. Le syndicat réclame une hausse de salaires allant jusqu'à 31% dans certains cas, et n'est pas prêt à se contenter de dispositions spéciales au sein de l'accord négocié avec les autres syndicats, Transnet et GBDA, comme le lui propose Deutsche Bahn.

Du côté du pouvoir, la chancelière Angela Merkel s'en tient au strict respect du principe d'autonomie des partenaires sociaux pour négocier leurs accords, refusant ainsi de s'immiscer de quelque manière dans le conflit. Son ministre des transports, le social-démocrate Wolfgang Tiefensee, en appelle de son côté aux deux parties en conflit à revenir négocier, mais sans être pour le moins entendu.

La présente grève devant se terminer samedi à deux heures du matin, le week-end doit voir le trafic revenir à la normale. Dès lundi, GDL prendra sa décision quant à la reprise ou non du mouvement, au vu de ce qu'aura proposé la Bahn. Le syndicat peut payer les grévistes jusqu'au mois de février, indique le quotidien populaire Bild. La compagnie ferroviaire ne montre en aucune manière qu'elle est prête à céder à la pression. Au contraire, elle s'est montrée offensive en réclamant devant la justice 5 millions d'euros au syndicat trublion au titre de dommages et intérêts, mais pour un autre arrêt de travail remontant à juillet et dont elle conteste la légalité. La plainte déposée au fond sera examinée le 7 décembre, pour un jugement prévu début 2008.

L'opérateur de chemins de fer se retrouve face à un important manque à gagner pour chaque jour de grève, en transportant normalement plus de 5 millions de passagers par jour, dont 4,8 millions sur le réseau régional et local. Dans le fret, 4.800 trains circulent par jour, ce qui représente une part de marché d'environ 17% dans le transport de marchandises, la part du lion revenant à la route.

Les effets de la grève sur l'économie semblent pour le moment moins graves que redoutés. Les usines automobiles ont dans l'ensemble tourné normalement. Le constructeur Audi a dû arrêter ses chaînes de production d'une usine à Bruxelles, en Belgique, faute d'avoir été livré de pièces détachées. Chez le constructeur automobile BMW, la production de l'usine de Leipzig (Saxe, est) "peut se dérouler normalement mais les voitures assemblées doivent être stockées en attendant d'être expédiées, ou partent par camions", a expliqué un porte-parole. Le groupe expédie d'ordinaire 70% de ses voitures par le rail.

Le port de Hambourg voit de son côté s'entasser les containers. Le commerce de détail souffre d'une désaffection de la clientèle. La situation est de fait plus dramatique à l'est du pays. Le directeur de l'assemblée des chambres de commerce et d'industrie (DIHK), Martin Wansleben, prévient des risques de chômage technique dans l'industrie et de l'effet ralentisseur du conflit pour la conjoncture.

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